Quels que soient l’âge et la raison, la perte d’autonomie ou la mort d’un être cher est toujours une épreuve. Encore plus quand cette personne est celle qui vous a élevé dans le plus grand soin et respect… C’est ce qui est arrivé à Shikabane Sensei. Abandonné par père et mère, il a été recueilli par sa grand-mère sans le sou. Très attaché à elle, il en garde d’innombrables souvenirs poignants. Ceux d’une vie simple et d’une attention de tous les instants.
Mais tout cela est entaché par la fin de vie de cette maman de substitution, atteinte de démence à corps de Lewy, cette maladie neurodégénérative qu’il n’a pas vue venir, et qu’il a comprise trop tard. Entièrement décidé à exorciser cette épreuve difficile en la couchant sur le papier, il reprend pêle-mêle souvenirs d’enfance, phases de partage et épreuves de la maladie. Son témoignage est un peu foutraque, mais bouleversant, car porté par l’émotion et des réminiscences fortes. Mais aussi parce que le mangaka se livre avec sincérité, sans cacher ses réactions face à la maladie et en exprimant ses regrets.
Comme Kazuyoshi Takeda (Peleliu), l’auteur choisit un dessin épuré, rond et simple à la limite du cartoon, ne cherchant pas la beauté, pour contrebalancer le poids de son récit. Ses deux derniers chapitres concluent de la plus belle des façons cet hommage posthume terriblement humain, empli d’amour et de tendresse pour celle qui fut tout pour lui. Car il est parfois trop tard quand on se rend compte que ce qu’on avait était rare et essentiel, mais qu’il ne faut pas pour autant nier les actes passés.
Souvenirs en bataille de Shikabane Sensei, Akata
Sortie avril 2021
Illustration principale : © Shikabane Sensei 2018 / KADOKAWA CORPORATION
Traduction : Alexandre Fournier
