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par Strafeur - le 31/08/2016
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par Strafeur - le 31/08/2016

Masashi Tanaka (Gon), l'interview

C'est au détour d'une escapade parisienne que nous avons eu le plaisir de rencontrer Masashi Tanaka au coeur de l'impressionnante librairie Aaapoum Bapoum. L'auteur de Gon en a profité pour revenir avec nous sur la création du petit dinosaure solitaire, non sans une grande sympathie.

L'interview de Masashi Tanaka

• Bonjour et bienvenue sur 9emeart, c'est un réel plaisir de vous voir en France et de rencontrer. Pourriez-vous, s'il vous plaît, revenir sur la création de Gon ?

Ce n'est pas une chose à laquelle j'ai beaucoup réfléchi, je me suis trouvé à un moment où mes séries ont été annulées,je réalisais beaucoup de travaux de commande et je me suis disputé avec mes éditeurs. J'ai eu envie de passer à autre chose, de ne pas dessiner des humains et de dessiner un personnage très puissant. Quand j'ai ressassé tous ces éléments, j'ai eu l'idée de Gon qui est sortie de nulle part. Même le nom évoque un peu le bruit d'un choc, Gon c'est une petite explosion et c'est la première fois que j'ai rencontré du succès dans ma carrière. C'est d'ailleurs le seul projet qui me tenait à coeur donc tant mieux.

• Gon est une série muette, était-ce un souhait dès le départ ? 

Quand j'ai commencé à y réfléchir, je me suis dit que ça ne fonctionnerait pas au Japon et je me suis dis que pour toucher le public étranger il fallait se passer de paroles et d'onomatopées puisque c'est aussi du travail de production/adaptation. Ça m'a permis de contourner tous les problèmes de langue et de différences culturelles afin de proposer un manga qui parle aux lecteurs étrangers.

• C'est également un manga qui parle à de nouvelles générations au fil des rééditions, le mutisme de la série facilitant la lecture. On se souvient par exemple de l'avoir découvert au collège, à l'époque de Tekken 3, dans un CDI.

Ce que vous dites est vrai, mais seulement en dehors du Japon. Au Japon, les livres sont toujours épuisés et la série n'a pas eu de véritable succès. 

• Il y a plusieurs niveaux de lecture dans Gon, là où des jeunes lecteurs y perçoivent les aventures d'un dinosaure solitaire, des lecteurs plus âgés peuvent y voir des leçons de vie, est-ce quelque chose de parfaitement calculé de votre part ? 

En fait c'est pas une volonté de ma part mais plutôt le résultat de certaines contraintes qui m'ont un peu été imposées. Lors du premier tome, j'étais relativement libre de proposer ce que je voulais mais à partir du deuxième tome il y a eu quelques frictions avec mon éditeur. Ce que vous voyez dans les tomes de Gon, ce n'est qu'une infime partie de ce que j'ai fait puisqu'il y en a toute une partie qui est restée dans les tiroirs, certaines idées ayant été adaptées dans la série d'animation (ndlr : réalisée par un studio coréen en 2012). Dans ce qui a été refusé, il y a des choses qui étaient moins accessible aux enfants, ce que vous voyez comme un message universel ou qui peut parler à plusieurs générations, n'était pas forcément présent dans tout ce que j'ai imaginé bien que ce soit le cas pour ce qui a été publié. Il n'y a vraiment qu'en France qu'on me pose des questions sur le message ou la morale de mes histoires, au Japon les gens ne s'attardent pas sur cette question. 

À la base, je n'avais pas vraiment réfléchi au fait de délivrer un message, pour moi Gon c'est quelqu'un qu'on peut définir selon 3 instincts (ndlr : il déplie un éventail sur lequel il a dessiné Gon accompagné de 3 kanjis) : manger, dormir et s'amuser. Je pense que c'est parce que moi je n'avais pas l'intention de faire passer ce genre de message que vous, vous le sentez, ce n'était pas quelque chose d'intentionnel. Quand Gon était publié, j'étais tellement pris par les deadlines que je n'avais pas le temps de réfléchir à ce genre de choses, j'étais vraiment concentré sur le fait de finir dans les temps. 

À partir du moment où la série animée a été en chantier, j'ai commencé à écrire des épisodes qui pouvaient justement faire passer un message ou une morale, parfois en me basant sur de précédentes idées non publiées. J'ai une énorme pile de travaux qui ne sont jamais sortis et les 7 tomes qui sont republiés aujourd'hui par Pika ne représentent pas l'intégralité de mes travaux sur Gon. 

• Dernière question, Gon a eu le droit à une adaptation en 1994 sur Super Famicom, il était également un personnage jouable dans Tekken 3 et vous avez également travaillé sur le jeu Street Fighter EX. Quel rapport entretenez-vous avec les jeux-vidéo ? 

Pour Tekken, c'est simple, j'étais fan de la série de jeux, je suis donc allé leur proposer et ils ont directement accepté, c'était un petit bonus. Au Japon le personnage n'a pas trop plu, mais en Espagne, en France ou en Allemagne, les gens me parlent souvent de Tekken. J'étais un très grand fan des jeux vidéo à cette époque là. J'ai moi même proposé de nombreux projets de jeux vidéo autour de Gon, mais à part les deux que tu as cité, ils sont tous passés à la trappe (rires). 

• On espère en voir revenir très prochainement en tous cas ! (ndlr : Il me demande alors de me (re)présenter et de lui expliquer la ligne éditoriale de 9emeArt avant d'ajouter)

Vous savez, pour moi Gon, c'est ni de la bande dessinée franco-belge, ni du comics, ni du manga, c'est un genre à part entière, qu'on peut pas vraiment imiter, quelque chose d'unique. Je suis plus fan de bande dessinée que de manga et si je pouvais, je laisserais tomber toutes les interviews pour fouiller partout dans cette boutique ! (rires)

• Merci beaucoup, on espère que vous y trouverez votre bonheur, et à bientôt sur 9emeArt.fr !

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