
Après une première saison l’an dernier, le spectacle Blacksad – le polar improvisé s’installe pour une nouvelle saison les jeudis et vendredis, à 19h, au Théâtre la Croisée des Chemins (Belleville) du 18 septembre au 7 novembre 2025.
Sur le site de la compagnie des Artistes Très Sauvages, C.A.T.S., on découvre la présentation du spectacle : « C’est dans une ambiance jazzy, sombre et enfumée que nous découvrons notre héros : Blacksad, un privé connu publiquement pour opérer en solo et selon des codes éthiques tout à fait subjectifs. Dès le début du spectacle, nous sommes propulsé.e.s dans les méandres de ses pensées intérieures grâce à une voix intérieure qui nous décrit par le menu les idées fugaces, images mentales et autres monologues du détective, et qui nous accompagnera à mesure qu’il découvrira les tenants et les aboutissants de l’enquête qu’il doit mener. S’adressant directement au public, il les enjoint à proposer les détails qui constituent la scène de crime : qui est la victime ? qui a fait appel à ses services ? Avant le démarrage du spectacle, le public est invité à proposer des noms d’animaux dont les comédien.ne.s en charge d’incarner tous les rôles secondaires au service de l’histoire devront s’inspirer pour la création de leurs personnages. ».
La troupe adapte la bande dessinée avec l’accord et le soutien des auteurs —« Redécouvrir Blacksad de cette façon apporte un regard inattendu et très amusant sur le personnage. Ce spectacle vivant révèle une belle énergie grâce aux acteurs passionnés qui interprètent une aventure de Blacksad ! » écrit Juanjo Guarnido après avoir vu le spectacle— et propose une expérience singulière en utilisant les dispositifs propres à la bande dessinée comme la voix off ou en gardant les héros animaliers anthropomorphes.
Les comédien.ne.s Stella Pueyo, Caroline Riche, Esther Débarque, Etienne De Roquefeuil, Florian Benac, Florian La, Louis Carlier, Adrien Costemale et Jérémy Veluire jouent en alternance chaque jeudis et vendredis ; et l’intrigue, les personnages et l’ambiance de ce polar change à chaque représentation. Chaque date est improvisée avec les propositions du public et les sensibilités des comédien.ne.s et ne sera jouée qu’une seule fois mais laissons Stella Pueyo, notre invitée, vous expliquer juste après les spécificités de l’improvisation pour cette adaptation.

Formée au conservatoire d’agglomération de Béziers à partir des années 2000, elle débute l’improvisation théâtrale en 2010 et se professionnalise en 2018 en devenant comédienne, improvisatrice, metteuse-en-scène et pédagogue. Stella Pueyo fonde la Compagnie des Artistes Très Sauvages, C.A.T.S. en 2019 avec un volet pédagogique porté par neuf artistes-pédagogues et un volet artistique en proposant plusieurs spectacles, dont Dites-moi tout !, Une journée peut en cacher une autre, Fantasme(s), Le Chat Libre, Il était 2 fois…, La dernière Heure d’une Histoire d’Amour. En parallèle, elle intègre en tant que comédienne, les troupes Plusieurs mots Production dans Madame fait salon en 2021 et les Eux en 2022 dans Pilote – Sitcom improvisée.
La Compagnie des Artistes Très Sauvages propose une adaptation officielle de Blacksad en théâtre, un spectacle d’une heure qui a la particularité d’être entièrement improvisé à partir des suggestions du public. Est-ce que tu peux expliquer à celles & ceux qui ne sont pas familiers de cette discipline, ce qu’est l’improvisation théâtrale ?
Stella Pueyo : Oui bien sûr. L’improvisation théâtrale c’est du théâtre, dont le texte, la mise-en-scène, l’histoire se renouvelle à chaque représentation selon la sensibilité des comédien.ne.s et les suggestions du public. L’improvisateur.rice est à la fois auteur·rice, metteur·se en scène et interprète. La régie lumière et musique, est elle aussi improvisée, elle est au service des situations qui se créent. C’est un art du présent qui rend unique chaque représentation.
Mais pour ce long format, il y a une particularité, les comédiens sont en costumes, il y a des musiques —ce qui est inhabituel en impro— c’était pour mieux coller à l’univers de Juan Díaz Canales et Juanjo Guarnido ?

S. P. : Oui, tout à fait .Comme nous ne connaissons pas à l’avance les lieux où se déroulera notre aventure de Blacksad, nous n’avons pas de décor.
Ce sont les costumes et la musique qui deviennent les véritables vecteurs d’imaginaire, nous permettant de plonger dans l’ambiance des années 1950. Les styles vestimentaires de chaque comédien s’inspirent directement de l’univers graphique de la bande dessinée.
Par exemple, Jérémy Veluire porte une tenue inspirée de celle de l’ours qui bastonne Blacksad dans le cimetière du T1, tandis que les vêtements de Louis Carlier évoquent ceux d’Otto Liebber, le physicien du T3.
Les comédiens incarnent des figures animalières dans une ambiance américaine des années 50 ; et chaque date est différente, l’enquête, les personnages, mais aussi les comédiens changent avec le seul fil rouge du personnage de John Blacksad, comment vous préparez-vous pour garder « l’esprit Blacksad » ?
S. P. : Je crois que « l’esprit Blacksad », c’est ce juste équilibre entre le sombre du polar et le comique des personnages animaliers. Nous cherchons constamment cette tension entre gravité et légèreté, entre le drame d’une enquête noire et l’absurde d’un rhinocéros en costume trois pièces. C’est précisément cette rencontre entre les codes du film noir et l’animalité expressive de chaque personnage qui crée des situations parfois inattendues, voire franchement comiques. Caroline Riche, par exemple, excelle dans ce genre de situations : elle a une capacité rare à saisir le décalage et à en faire jaillir une énergie comique qui reste totalement dans l’univers. Le public est invité à proposer des animaux, et il arrive que surgissent des insectes, des poissons ou d’autres créatures non présentes dans la série originale, ce qui ne nous empêche pas de rester fidèles à l’esprit de Blacksad.

Et puis, nous avons beaucoup réfléchi autour de la figure de John Blacksad. Il est notre fil rouge, le point d’ancrage de chaque représentation. C’est un chevalier moderne guidé non pas par la loi, mais par une justice personnelle. Et sa voix intérieure donne à voir toute la noblesse et la complexité de ce héros.
Justement, dans le dispositif théâtral, vous avez gardé le monologue intérieur du héros avec un comédien caché dans le public qui incarne les pensées intérieures du personnage tandis que physiquement c’est un autre acteur qui l’incarne au plateau, d’où vient cette idée ?
S. P. : Oui, pour moi ce monologue intérieur, souvent sarcastique et un peu cabotin, donne toute sa force au personnage de Blacksad. C’est aussi l’image qu’on a du polar, cette voix grave qui vient ponctuer les scènes, commenter l’action, et nous entraîner dans les pensées tourmentées du détective. Il était donc essentiel pour nous de conserver cette voix sur scène, malgré le challenge technique que cela représente en improvisation théâtrale.
En effet, ce sont deux comédiens, deux individualités, qui doivent donner l’illusion de ne faire qu’un : l’un incarne le corps de Blacksad, l’autre sa pensée. Et pourtant, l’histoire se construit en direct, sans texte préécrit. Il faut donc une écoute absolue, une cohérence de ton, et une vraie complicité pour que cette voix intérieure sonne juste.
Autre point fort, les auteurs ont approuvé cette adaptation théâtrale, ils sont venus voir le spectacle ? Comment ont-ils réagi ?

S. P. : Nous avons obtenu les droits d’adaptation de Blacksad, et avons eu la grande chance de recevoir le soutien des créateurs de la bande dessinée. En février dernier, François Le Bescond, l’éditeur, et Juanjo Guarnido, le dessinateur, ont assisté à l’une de nos représentations.
Ce soir-là, Florian Laroussinie, qui interprétait Blacksad, et Etienne de Roquefeuil, qui faisait la voix intérieure, ont longuement échangé avec eux à l’issue du spectacle. Ils se sont montrés curieux, posant de nombreuses questions sur notre processus de création. Juanjo Guarnido a proposé une photo avec l’équipe, un moment fort pour nous, tous grands fans de Blacksad.
Il a également écrit quelques mots sur le spectacle : « Redécouvrir Blacksad de cette façon apporte un regard inattendu et très amusant sur le personnage. Ce spectacle vivant révèle une belle énergie grâce aux acteurs passionnés qui interprètent une aventure de Blacksad ! »
C’est une 2e saison, avec de nouveaux comédiens qui viennent étoffer le casting, qu’est-ce qui va changer par rapport à l’an dernier ?
S. P. : En improvisation théâtrale, chaque comédien apporte inévitablement quelque chose de personnel : une énergie, une corporalité, une sensibilité.

Avec Adrien Costemale, Florian Benac et Esther Debargue, de nouvelles couleurs s’invitent dans le spectacle. Leur présence renouvelle les dynamiques de jeu, les rapports entre personnages, et même le ton général de certaines scènes. Ce renouvellement est une force : il nous oblige à rester à l’écoute, à réinventer nos habitudes, tout en gardant notre socle commun.
Nous jouons également dans un théâtre plus grand avec une scène plus large avec des entrées à cour et à jardin, ce qui transforme profondément notre scénographie. Nous pouvons créer des entrées plus variées, imaginer de véritables courses-poursuites, ou encore jouer dans la pénombre. Et puis on a travaillé quelques nouveaux codes qui font plus bande dessinée, notamment pour les bagarres, ou pour donner à voir les scènes de foules qui sont magnifiques dans la bande dessinée.
Une belle occasion de fêter les 25 ans de la série en venant voir les héros prendre vie sur scène pour 16 représentations uniques. Pour obtenir toutes les infos sur les dates et la billetterie, vous pouvez cliquer ici.
💡Infos pratiques :
Spectacle à 19h, les jeudis et vendredis, du 18 septembre au 7 novembre 2025, au Théâtre la Croisée des Chemins (Belleville)
Autres spectacles : Dites-moi tout !, Une journée peut en cacher une autre, Fantasme(s), Le Chat Libre, Il était 2 fois…, La dernière Heure d’une Histoire d’Amour
📚 Sorties anniversaire :
Rééditions luxes des T1 à T4 (T5 prévu le 14 novembre 2025)
Weekly de Juan Díaz Canales, Juanjo Guarnido & Giovanni Rigano, premier volume des Blacksad Stories (sortie le 31 octobre 2025)
Photo de couverture : Une partie de la troupe avec Juanjo Guarnido ©Isabelle Pueyo













