Par une journée tranquille à la terrasse d’un café, un homme écrit. Son oreille traîne d’une table à l’autre pour attraper des bribes de conversations qui peut-être l’inspireront pour son prochain livre. C’est alors que le serveur lui pose la question qui le taraude depuis des jours : qu’écrit-il ? Une histoire d’amour évidemment ! Un petit garçon raconte l’histoire de ses parents : tous deux ont toujours partagé un amour inconditionnel, qu’aucun nuage n’est venu entacher. Une relation surréaliste en fait, tant les distractions sont nombreuses au cours d’une vie. Leur amour est si parfait qu’il en vient même à biaiser la façon dont leur fils perçoit ce sentiment. Sur une gondole à Venise, un gondolier s’agace. Lui qui est malheureux dans son couple, il ne voit que des amoureux toute la journée. Sa passagère le questionne : pourquoi alors exercer ce métier ?
Vous l’aurez compris, Zidrou et Merveille proposent avec Amore un recueil de plusieurs histoires courtes, toutes sur le thème de ce sentiment qui fait tourner la tête de l’humanité depuis toujours. Au fil des pages, on réalise à quel point l’amour est pluriel, et à quel point il peut être à la fois extrêmement positif et extrêmement négatif. Le duo nous emmène d’un extrême à l’autre et joue habilement avec nos sentiments. Pourtant, ces grandes disparités entre les différentes histoires n’a rien de maladroit. On rit du cynisme d’une histoire, on verse une larme devant la tristesse poétique de la suivante, et on s’attendrit devant la douceur de la troisième… Graphiquement, cette diversité est parfaitement traduite par la variété des couleurs. Une histoire terrible est rouge, une autre un peu triste est verte. Les personnages de Merveille sont dessinés tout en pudeur, et on parvient quand même à deviner la complexité des sentiments qui les traversent. Amore est un joli moment de poésie, où le concept du récit court est parfaitement maîtrisé.
Amore, par Zidrou et Merveille, Delcourt
Illustrations : © Merveille / Delcourt