La Nuit des Temps est une œuvre sacrée pour des lecteurs très différents. Il y a les passionnés de science-fiction, qui en ont fait un classique. Il y a la génération Flower Power, qui s’est laissée séduire par le pacifisme et l’envie de révolte intrinsèque au roman. Et il y a, tout simplement, les lecteurs et lectrices qui ne se sont jamais remis de cette grande histoire d’amour tragique, sorte de Roméo et Juliette venu d’un autre temps.
Une idée saisissante
Le résumé de l’histoire? Une expédition scientifique basée en Antarctique tombe, bien loin sous la glace, sur l’impossible: une sphère d’or pur dans laquelle se trouve les corps d’un homme et d’une femme ayant vécu un million d’années plus tôt, à une époque dont même les continents n’ont pas gardé la trace.
Des corps réanimables, car conservés par une machinerie ultra sophistiquée. En réveillant la femme, Eléa, celle-ci va leur conter son histoire, une histoire d’amour tragique… Et décider de son destin.
Une réactualisation des enjeux contemporains
Le roman originel a été publié en 1968, et est particulièrement témoin de son époque. De ses mouvements politiques et de ses questionnements. Pour cette adaptation en bande dessinée, Christian De Metter a fait le choix de transposer l’action à notre époque, réactualisant discrètement certains enjeux ou passages de la partie se passant dans le monde contemporain. Mais le gros de l’histoire de La Nuit des Temps se passe dans un lointain passé, et ce récit dans le récit, lui, n’a pas eu besoin d’être modifié pour garder toute son énergie et toute sa pertinence.
Des couleurs qui donnent le tempo de tout l’album
Cette double histoire permet à Christian De Metter de proposer des planches avec deux types d’ambiances très différentes: grise et morne pour la partie se passant à notre époque, chaleureuse et pleine d’exubérantes couleurs pour le récit se passant dans le passé.
C’est peut-être dans ce choc des ambiances que cet ouvrage de Christian De Metter trouve son plus grand intérêt: les couleurs, dans cet album, sont les premiers vecteurs de la narration, elles donnent d’emblée le tempo. Les pages grises, bavardes, intellectuelles et parfois statiques du début cèdent le pas au premier tiers de l’album à des planches beaucoup plus vivantes et sensuelles. Les enjeux géopolitiques et intellectuels laissent la place à une histoire d’amour, de passion, de haine; à une pulsion de vie.
Qu’aurait pensé Barjavel de cette adaptation, s’il était encore vivant? Probablement du bien, celle-ci capturant l’essence de son roman et le rendant accessible, sous une nouvelle forme, à de nouveaux lecteurs.
La Nuit des Temps, par Christian de Metter, d’après le roman de René Barjavel, aux éditions Philéas
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Images © Christian de Metter / Editions Philéas
