Alors champion de France, El Ouafi débarque aux Jeux olympiques d’Amsterdam en 1928 sans que personne ne l’attende au tournant. Défiant tous les pronostics, c’est pourtant lui qui franchit la ligne d’arrivée en premier. Après cette victoire, l’homme est oublié, par la profession, par l’État français… seul un américain vient lui proposer un contrat pour travailler dans un cirque ! Le rêve américain laisse rapidement place à la désillusion. Le sportif étant pris pour une bête de foire, il revient en France avec l’objectif de participer de nouveau aux Jeux olympiques. Le comité lui interdit, car il est à présent considéré comme un coureur professionnel (seuls les amateurs étaient acceptés jusqu’en 1981)… Mais ce n’est que le début de ses déboires !
Quoi qu’on y fasse, l’Histoire ne retient pas tous les noms. Boughéra El Ouafi est pourtant l’un des trois athlètes français champions olympiques de marathon, mais aussi le premier athlète africain indigène à remporter une médaille olympique. En plus de ses exploits sportifs, la France lui doit beaucoup, notamment parce qu’il a servi sous le drapeau français pendant la Première Guerre mondiale, faisant partie des jeunes Algériens mobilisés par l’État français à court de bras.
Contrairement à la BD Marathon de Nicolas Debon qui raconte ce marathon de 1928 de l’intérieur, les deux journalistes Paul Carcenac et Pierre-Roland Saint-Dizier retracent l’histoire de cet athlète. On apprend de multiples choses sur son parcours et sa déchéance. De sa naissance dans un petit village d’Algérie à sa mobilisation. De la découverte de ses qualités de coureur sur le champ de bataille jusqu’à sa dramatique fin de vie. Le parcours étonnant et humble, mais tragique, d’un athlète qui aurait mérité un minimum de reconnaissance !
L’Or d’El Ouafi de Paul Carcenac, Pierre-Roland Saint-Dizier & Christophe Girard, Michel Lafon
Illustration principale : © Paul Carcenac / Pierre-Roland Saint-Dizier / Christophe Girard / Michel Lafon
