Pour la première fois, le duo s’associe à un dessinateur : l’espagnol Alberto M.C., dont le trait évoque Taiyō Matsumoto. Après leur rencontre et la découverte de leur intérêt commun pour le Japon et sa culture, la collaboration est apparue comme une évidence. Dès lors, il n’est pas étonnant que leur BD prenne place au pays du Soleil-Levant.
Leur récit débute par une lettre. Une lettre reçue sans timbre, sans adresse ni expéditeur. À l’intérieur, un simple origami en papier noir. Un corbeau. Alors pourquoi cela bouscule autant son destinataire ? Fébrile, Koji ouvre cette lettre et son esprit libère des bribes de son enfance. Des souvenirs enfouis dont nous découvrirons les tenants et aboutissants, dans un périple entre passé, présent, songe et réalité.
Derrière ses atours fantastiques, cette BD à l’onirisme fantomatique nous bouscule. Réel, souvenirs et imaginaire s’y mélangent. Que se cache-t-il derrière ce groupe d’enfants accompagnés d’animaux-totem ? Est-ce que cela a quelque chose à voir avec les affiches placardées sur les murs de la ville ?
On se perd un peu dans ce thriller fantastique qui parvient à traiter d’un sujet sensible, sordide et sérieux sous la forme d’un conte cruel. On achève la lecture abasourdi, sans savoir forcément démêler le vrai du faux, le songe de la réalité. Qu’importe, on se sera laissé happé par sa narration élusive et ses dessins doux mais sombres. Sa réjouissante utilisation de l’aquarelle, ses visages aux petits yeux en coins, aux joues rondes rosées, ses chevelures fougueusement encrées, ses jeux de motifs…
Le songe du corbeau d’Atelier Sentō & Alberto M.C., Delcourt
Sortie juin 2021
Illustration principale : © Atelier Sentō / Alberto M.C. / Delcourt
