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Critiques
par Lise Famelart - le 6/08/2021
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par Lise Famelart - le 6/08/2021

Lever l’encre, passionnant carnet de voyage en tatouages

Lors d’un voyage, Cookie Kalkair s’est lancé un défi étonnant : se faire tatouer dans chaque pays visité. Au fil de ses découvertes, l’auteur s’est rendu compte que le rapport au tatouage changeait énormément d’un pays à l’autre. Et peu à peu il s’est dessinée (ou plutôt « encrée ») une idée, celle d’un carnet de voyage du tatouage. Ainsi est né Lever l’encre.

Nous sommes en 2013. L’auteur se balade dans les rues de San Francisco, et tombe sur un tag qui le marque profondément : une phrase en anglais, qui résonne avec ses propres pensées. Après quelques recherches, il réalise que celle-ci est extraite du film Retour vers le futur. C’est décidé, il va se faire tatouer cette phrase, il ne reste plus qu’à trouver le tatoueur ! C’est ainsi que Cookie Kalkair fonctionne : au coup de cœur, à l’instinct. Ainsi, les dessins sur son corps racontent ses voyages, ses expériences, son parcours… Cette anecdote est la première d’une suite de petites histoires racontées tout au long de Lever l’encre. Au fil des pages, nous le suivrons au Japon, à Amsterdam, à Tahiti ou même en Bretagne. Chaque destination sera l’occasion d’une histoire de tatouage. Histoire avec un petit, mais aussi avec un grand H. Car tout en racontant comment il s’est fait encrer et par qui, l’auteur reviendra aussi sur la façon dont cet art se glisse dans chaque culture.

Dans Lever l’encre, on retrouve le style si particulier de Cookie Kalkair, auteur entre autres de Pénis de table. L’artiste balance les couleurs, tant pour les fonds que pour les corps de ses personnages. On s’en rend compte dès la couverture, toute d’orange et de vert vêtue. Les pages sont hybrides, à mi-chemin entre la bande dessinée et le texte illustré. Ici l’histoire de sa recherche sur la mystérieuse phrase taguée est racontée en cases et en bulles, là, des objets divers de son voyage à Tahiti son éparpillés sur une table. Un format qui correspond très bien à un carnet de voyage : c’est fourmillant, et passionnant. Le travail de recherche sur l’histoire et la signification du tatouage dans les différentes cultures est également captivant. On s’aventure dans l’histoire de yakuzas, on apprend la significations des dessins tribaux, on découvre comment sont conçues les machines à encrer…

En termes de structure, l’album est plutôt bien pensé. Si l’approche est d’abord historique avec le Japon est Tahiti, l’auteur se penche sur une vision plus actuelle du tatouage avec son détour par la Bretagne, où lui-même encre une personne pour la première fois. Dans les dernières pages, il rencontre deux jeunes tatoueuses (également autrices de BD), qui lui parleront de techniques novatrices et d’autres voyages intéressants. Le bémol… c’est qu’on en voudrait plus ! En fin d’album, l’auteur réfléchit par exemple à se rendre en Russie. L’approche est si intéressante qu’on aurait clairement voulu un album deux fois plus gros, avec plus de pays explorés. Ici, même si on a appris plein de choses, on termine la lecture avec un vrai sentiment de frustration. Lever l’encre reste une œuvre fascinante à l’approche originale.

Lever l’encre, par Cookie Kalkair, Delcourt


Illustrations © Cookie Kalkair / Delcourt

© Cookie Kalkair / Delcourt
© Cookie Kalkair / Delcourt
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