La relance de Métal Hurlant fin 2021 est une double promesse pour les lecteurs de la première heure. Un numéro inédit doublé d’un numéro anthologie en alternance pour faire découvrir les auteurs de demain et mettre en avant ceux qui ont bâti la légende Métal.
Dans chaque nouveau numéro : de nouveaux auteurs, venus de plusieurs horizons et de plusieurs pays autour d’une thématique commune ; et dans chaque numéro « vintage » un auteur à l’honneur avec interview-fleuve et florilège du Métal de l’époque.
Avec plus de 42 250 exemplaires vendus pour le N° 1 et 30 500 pour le N° 2, l’équipe du journal organisait une rencontre avec Jerry Frissen, Jean-Pierre Dionnet et leurs collaborateurs pour présenter le N° 3 qui vient d’arriver.
D’où viennent les auteurs du nouveau Métal ?
Jerry Frissen : « On a cherché à faire des choses les plus diverses possible, d’aller chercher des auteurs là où on ne pensait pas qu’il y en avait. Des pays où on ne pensait pas. »
Est-ce que tu as proposé à des auteurs-autrices de venir ?
Jerry Frissen : « Oui et c’est la majorité des histoires publiées. On reçoit des projets et je lis tout, mais il y a beaucoup d’histoires que je ne publie pas. »
Comment ça se passe à la rédac’ ?
Jerry Frissen : « On a des réunions du comité éditorial. Avec 4 numéros par ans, cela fait 1200 pages à produire même s’il y a une partie anthologie, cela demande énormément de travail.
Il y a toute une équipe qui travaille avec moi et c’est super agréable. »
Est-ce que le rédacteur-chef influe sur les histoires présentées ? Comment vous travaillez ?
Jerry Frissen : « En fait, il y en a avec qui je travaille, et d’autres qui arrivent avec des histoires toutes faites. Certains aiment bien travailler avec un éditeur pour les aider. Cela dépend des individus, mais mon rêve est que les auteurs arrivent à la rédaction avec un truc parfait. »
Le numéro 3, par rapport au numéro 1, fait la part belle à la BD et réduit un peu la partie texte, article et édito ?
Jerry Frissen : « Je suis plus directif sur cette partie, j’ai demandé des articles sur des sujets précis et on compose sur la taille de l’article et des illustrations. Et heureusement qu’il y a des articles pour composer le sommaire : si je devais retirer une page pour une raison ou une autre, je ne saurais pas comment la remplacer. C’est un super casse-tête, mais c’est rigolo. »
Comment on compose un sommaire ?
Jerry Frissen : « Je n’avais pas pensé à ça, en commençant et c’est vraiment la chose la plus complexe. Je me fie à mon instinct dans le sens où j’essaie de composer le sommaire avec des gens qui vont ensemble et d’autres qui ne vont pas ensemble : c’est-à-dire des graphismes ou des histoires qui s’opposent.
J’essaie d’avoir un maximum de diversité de points de vue, de genres, de façons de raconter… Le pire moment c’est à la fin quand il faut arriver à rentrer dans le bon nombre de pages.
Avec la pénurie du papier, on est obligé de décaler des histoires, donc c’est incroyablement complexe, mais je suis sûr que si tu me poses la question dans un an ce sera complètement différent comme réponse. »
Le rendez-vous est pris ! Mais allons voir du côté de son prédécesseur qui raconte cette passation avec Jerry Frissen.
Jean-Pierre Dionnet : « Pour le nouveau Métal j’ai accepté d’être Ange tutélaire. Car ressusciter mon Métal près de 50 ans après ça ne sert à rien, ce nouveau Métal devrait s’éloigner de plus en plus.
Je propose à Jerry Frissen d’inviter des gens, après il prend ou il ne prend pas, mais je lui dis surtout surtout ne m’écoute pas trop, je ne suis pas forcément compétent.
J’ai trouvé qu’il avait une vision intéressante et le seul secret que je lui ai transmis c’était le secret de Métal : faire un journal, c’est être chef d’orchestre.
Si je voyais qu’un numéro était très sombre, je me disais si on allège la fin ? Ou est-ce que je fais tout totalement destroy ? Est-ce que je l’éclaire au milieu ? Ça c’est le solo de Moebius, il faut faire gaffe que le mec après qui prend son ukulélé ça va être dur alors il vaut mieux mettre quelque chose qui est à l’opposé. Après la triple page de cymbales de Druillet, il va falloir calmer le jeu derrière…
Moi je serai présent dans un numéro sur deux, celui où il y aura des classiques. Et je serais absent des autres, sauf si le rédacteur en chef m’accepte comme scénariste ou chroniqueur. Mais Jerry vient de me commander une histoire. »
Jean-Pierre Dionnet était à l’honneur dans le N° 2, et pour le N° 4 (qui paraîtra en août 2022) ce sera Philippe Druillet qui aura les honneurs doublé d’une interview-fleuve avec une couverture inédite d’Enki Bilal. Le N° 5 lui aura pour thème le Métavers.
Si vous avez lu les premiers numéros, dites-nous en commentaires ce que vous en avez pensé !
Et avant de se quitter, une interview un peu plus longue de Jerry Frissen, chez nos camarades de First Print :
Photo © Thomas Mourier