Réunir bière et bande dessinée, le spiritueux défi de Fabrice Fadiga avec Éthyquette 

Au risque de vous décevoir, cette interview n’a pas eu lieu dans la BatCave à vin de notre interviewé, pourtant Fabrice Fadiga sait recevoir. Actuellement chargé de com’ et partenariats web chez Bamboo Édition après avoir été rédacteur pop culture et community manager ; il se lance dans une aventure en solo — mais avec quelques copains auteurs pas loin.

Entretien avec Fabrice pour en savoir plus sur ce projet qui fête sa première année d’existence.  

J’avais suivi le lancement du projet, mais est-ce qu’Éthyquette a évolué en 1 an ?

Fabrice Fadiga : Oui, il a pas mal évolué avec une douzaine d’« éthyquettes » réalisées et prochainement l’accueil d’une quinzième artiste dans l’écurie (il faut absolument que je mette à jour le site haha) ! J’ai pu faire travailler plusieurs illustratrices et illustrateurs.

Tu peux nous dire comment ça marche ? 

F.F. : Il s’agit d’un service qui s’adresse aux microbrasseries qui souhaitent apporter développer l’aspect graphique de leurs étiquettes. Il faut se le dire : même quand on est un « connaisseur », celles-ci déterminent pour beaucoup l’acte d’achat final, face à une offre de plus en plus pléthorique et qualitative.

En gros, une fois que la connexion a été faite entre la microbrasserie et Éthyquette, elle m’indique ce qu’elle souhaite en termes de message à faire passer via l’étiquette, dans quel style graphique (si elle a déjà quelque chose en tête, sinon j’en propose un), sous quelle deadline. 

Ensuite, je propose un set de 3 artistes dont je vérifie les disponibilités à la microbrasserie, elle en choisit un·e et ensuite je reviens vers elle avec 3 propositions de croquis parmi lesquels elle choisira celui qui servira de base à l’illustration finale. Pour le résultat final, l’idée est d’avoir 3 allers-retours max pour fixer l’illustration de l’« éthyquette ».

Je fonctionne beaucoup par « logique de trois » mais en gros j’essaie de tout faire pour maximiser le temps des artistes en bossant à fond le brief du client, quitte à le « traduire » pour les illustratrices et illustrateurs. C’est quelque chose que je pense avoir un peu intégré, comme cela fait quelques années que je bosse dans l’édition.

Ce sont des produits qu’on peut trouver en magasin ou ce sont des cuvées spéciales ? 

F.F. : Tout dépend de ce que décide le microbrasseur. Par exemple, avec L’Instant (notre principal client pour le moment), la majorité des bières dont nous avons réalisé les étiquettes sont des éphémères disponibles dans les commerces où la microbrasserie est distribuée, mais nous avons réalisé une étiquette qui n’a été mise à disposition qu’aux administrés d’une ville, car la commande avait été passée par la mairie.

Tu as le côté éthique dans ton projet, comment tu vois ce milieu qui emploie les artistes de bande dessinée ?

F.F. : En réalité, ce sont plutôt des graphistes (internes ou externes) qui sont appelés pour réaliser les étiquettes. Il n’y a pas tant d’artistes de BD que cela qui œuvrent sur des étiquettes, à part dans le cadre de collaborations spéciales, d’où mon envie de démocratiser cela en donnant la possibilité aux dessinateurs de bandes dessinées d’avoir un revenu supplémentaire tout en n’ayant pas à gérer tout le côté administratif ou encore le démarchage commercial. Cette partie, c’est pour ma pomme et j’officie un peu en tant qu’agent / représentant commercial / chef de projet haha !

Quelle est la collab’ dont tu es le plus fier ? 

F.F. : De toutes, chaque « éthyquette » constitue une concrétisation de mon rêve un peu fou… 

Mais si je devais choisir niveau symbolique, je dirais que c’est pour notre deuxième « éthyquette » pour la microbrasserie L’Instant : elle m’a permis de collaborer avec Pivwan, un des nouveaux talents du Label 619, dont vous pouvez admirer le trait dans leur second recueil LowReader et bientôt dans le troisième, je crois.

La première « éthyquette », réalisée par l’illustratrice Clémence Brousse, reprenait un de leurs designs, celle-ci a été créée « from scratch » par Pivwan qui a proposé plusieurs pistes, toutes exploitables. Le résultat final m’a vraiment enchanté et a rendu la chose plus palpable pour moi : je pouvais bosser avec des auteurs de BD pour des microbrasseries. Je venais de créer un service faisant le lien entre deux de mes plus grosses passions.

Quelles sont les prochaines actus d’Ethyquette ? 

F.F. : Une petite refonte du site, avec notamment l’ajout des nouvelles recrues, dont Geoffo – l’un des frenchies de l’industrie comics US, qui a fait du Batman récemment – fait partie, une session de démarchage pour avoir de nouveaux clients et commencer à regarder du côté des vins Nature qui ont des étiquettes moins chartées que celles des vins « conventionnels ».

Au sujet de mon envie d’avoir plusieurs clients : je pense que même dans un monde où toutes les microbrasseries feraient appel à Éthyquette (le rêve fou haha), elles sauraient se distinguer les unes des autres de par leur vision de départ et leur brief. Pour utiliser une métaphore s’appuyant sur mon expérience en maison d’édition : plusieurs scénaristes peuvent se partager le même dessinateur, leurs récits resteront bien différents. Plus Éthyquette aura de clients et plus les artistes auront d’opportunités de bosser et de s’éclater sur des visions différentes !

Merci Fabrice, il ne reste plus qu’à guetter ces cuvées spéciales pour trinquer. Si vous voulez en savoir plus sur le processus de création, vous pouvez lire cet article, sur les productions déjà réalisées, c’est ici. 

Plusieurs librairies ou festivals proposent des cuvées spéciales, n’hésitez pas à partager avec nous vos trésors sur les réseaux sociaux. 

Illustration principale extrait du visuel de Pivwan © Éthyquette / Pivwan