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Édito
par Thomas Mourier - le 22/10/2022
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par Thomas Mourier - le 22/10/2022

Témoignage inédit sur la création d’une bande dessinée. Djemnah —ép.4

Comment un scénario aboutit en album ? Comment rencontre-t-on un dessinateur ? Quelles sont les étapes pour séduire un éditeur ? Des auteurs dévoilent TOUTES les étapes de la création de leur album. Dernier chapitre.

Philippe Donadille & Patrice Réglat-Vizzavona ont documenté (à l’écrit, en dessin et en vidéo) chaque instant de la fabrication de leur livre Djemnah, les ombres corses  ; de l’idée à l’imprimerie, en passant par la négociation avec l’éditeur, la fabrication de la couverture, le choix du papier ou la documentation. La BD comme vous ne l’avez jamais lue !

Ultime étape de ce cheminement dans les carnets des auteurs de Djemnah, les ombres corses pour en découvrir les coulisses : la réception du livre. 

Vous ne trouverez pas ce journal de bord ailleurs, ni sur le web ni dans l’album, les auteurs et l’éditeur nous ont fait l’amitié de nous les confier ici pour vous en faire profiter. N’hésitez pas à partager cet article et à nous faire part de vos impressions en commentaire. 

Si vous arrivez ici sans avoir lu l’épisode 1, 2 & 3 vous pouvez cliquer ici. 

HISTOIRE VRAIE DE LA CREATION D’UNE BANDE DESSINEE 

Par Philippe Donadille, scénariste

Chapitre 12 : Le lancement de l’album

Les auteurs en dédicace

« 16 mai 2022, le jour tant attendu arrive, on me livre mon premier exemplaire du livre. Près de 6 ans et demi après le début de l’aventure, Djemnah, les ombres corses existe enfin, et c’est très concret : je le tiens dans mes mains. Je me demandais depuis des semaines quelles émotions me traverseraient à cet instant. J’ose à peine le manipuler. Je caresse la couverture pour appréhender ce fameux papier Wibalin dont Wandrille, notre éditeur, nous disait le plus grand bien. Et de fait c’est splendide. On a vraiment l’impression que Patrice a peint à l’aquarelle à même le livre. Je me demande quand même si le rendu n’est pas un poil trop sombre. Mais vus les retours que nous aurons par la suite, au sujet de cette couverture, non, elle n’est pas trop sombre. Elle nous vaudra beaucoup de compliments, et nombre de lecteurs nous diront avoir porté leur attention sur le livre grâce à sa couverture. Dans un rayonnage elle se remarque, d’abord car c’est un grand format 24x32cm, ensuite parce que le Wibalin est mat alors que la plupart des couvertures sont brillantes. Charles-Louis Detournay écrira dans Actua BD :

C’est triste à dire, mais il faut presque se méfier lorsqu’un album arbore une trop belle couverture. Car il arrive régulièrement que le contenu de celui-ci ne déploie pas la même qualité… lorsque ce n’est pas carrément un autre auteur qui signe l’album. Heureusement, Djemnah est l’exception qui confirme la règle. 

Une fois la couverture scrutée dans tous les recoins, j’ouvre le livre et commence à le feuilleter. Deux sentiments s’opposent : le plaisir de voir l’œuvre finale, et l’anxiété de découvrir une coquille que l’on aurait laissé passer… Ou comment se gâcher le plaisir…

Au final je ne repèrerai pas d’erreur, mais je ne lirai pas non plus le livre d’un bout à l’autre. J’ai porté ce projet pendant plus de six ans, et j’en connais le moindre recoin. Impossible de lire le livre comme un lecteur lambda, pour le moment en tout cas. Donc j’ai décidé de laisser passer plusieurs années avant de relire cette aventure d’un bout à l’autre dans sa version imprimée. Je suis très satisfait de cet « objet » livre, en tout cas, dont la forme parachève le travail entrepris avec Patrice et Wandrille depuis plusieurs années.

À présent j’attends avec impatience la date de sortie, et les premières chroniques des lecteurs « avertis ». Le premier article viendra la veille de la sortie du livre (service de presse oblige…), et c’est Patrice qui le repère et me le transfère. Il s’agit d’une chronique du site internet sceneario. Ça commence plutôt bien : des compliments pour le scénario et pour le graphisme et ça se termine par un « Très conseillé ». Bref on est un peu mis en confiance…

Photo « in situ » à Bastia

Le lendemain, je me précipite chez Alès BD, ma librairie habituelle.

Le livre est en vitrine, et une pile trône sur la desserte « romans graphiques ». Je prends quelques photos. Les libraires n’ont pas eu encore l’opportunité de le lire, mais ils le feront très vite, devenant de fervents supporters de l’album. Nous dédicacerons d’ailleurs chez eux quelques semaines après la sortie au mois de juin.

Dès le jour de la sortie, ma cousine bastiaise achète le livre et réalise une série de photos et de vidéos « in situ », si l’on peut dire : le livre mis en scène dans les décors mêmes de l’album,  sur la plage d’Albo, à Ogliastro, dans le maquis du Cap Corse… De quoi nous permettre de communiquer sur les réseaux sociaux. La communication c’est un peu le nerf de la guerre. Personne n’achètera un album dont il ne connait pas l’existence… Donc on essaie de faire circuler l’info, même à notre niveau d’auteur, via Instagram et Facebook. On tague pas mal de gens et d’institutions en lien avec le livre et son récit. Parfois les stories sont partagées et parfois pas. Je débute sur Instagram, et je suis scénariste, autant dire que je n’ai pas moult followers… Mais je ne veux rien regretter, donc je fais tout à fond, et j’essaie de mettre en œuvre pas mal d’activisme autour du livre.

Léa Salamé partage une de mes stories (La journaliste de France 2 est une habituée du cap corse), je ne sais pas si ce genre de partage a un impact sur les ventes, mais en tout cas cela aura un impact très concret pour moi, j’y reviendrai plus tard…

La semaine qui suit le lancement nous avons plusieurs événements de prévus.

Chapitre 13 : Premières rencontres

Expo chez Huberty & Breyne

Les planches originales sont exposées à Paris, chez Huberty & Breyne. Leur mise en valeur dans une galerie d’art est un plaisir pour les yeux, mais pas que. C’est aussi une satisfaction personnelle supplémentaire. Me dire que les images de mon histoire prennent place dans une galerie d’art à Paris, est un réel plaisir. Voir les planches de Patrice dans ce cadre me permet de redécouvrir son travail que j’ai apprécié principalement par écran interposé jusqu’à présent. Les planches « en vrai », sont épatantes. Le vernissage de l’expo sera notre première séance de dédicaces. 3 heures non-stop. Le baptême du feu pour moi ! Je trouve l’exercice grisant. La rencontre avec les lecteurs et les proches (qui se mobilisent forcément pas mal au départ…), est passionnante. Épuisante aussi, car elle nécessite concentration et créativité. J’essaie d’écrire un mot différent pour chaque personne. Le temps que Patrice dessine, je discute, et tâche ensuite d’adapter ma dédicace à l’échange que nous avons eu. Dis comme ça c’est simple, mais quand on enchaine les signatures, et bien il faut vraiment rester focus et concentré. Je garde vraiment à l’esprit que la personne qui nous fait face, nous fait l’honneur de s’intéresser à notre travail, et prends le temps de se déplacer pour nous rencontrer. La moindre des choses c’est donc d’être accueillant et de s’intéresser à son interlocuteur. Et puis de ces échanges naissent des situations parfois romanesques. Du lecteur qui nous dit avoir demandé sa femme en mariage devant le muret qui est dessiné là, dans telle case, à celui qui nous dit que son père et son oncle étaient des rescapés du naufrage du Djemnah, nous rencontrerons de nombreuses personnes avec des histoires personnelles qui font écho à tel ou tel pan du scénario. Il est d’ailleurs étonnant de voir à quel point certaines personnes se confient sur leur propre vie. C’est parfois très touchant.

Patrice a pour habitude de demander aux lecteurs ce qui leur ferait plaisir comme dessin. Dans approximativement 80% des cas on lui réclame l’héroïne. Ceux qui n’ont pas lu l’album demandent parfois « l’héroïne Djemnah », ce qui nous amuse bien : « vous êtes sûr que vous voulez Djemnah ?…». Quelques personnes, faussement timides, demandent : « Ce serait possible d’avoir l’héroïne…nue… ». En dehors de Casilda, ou Alba, « ce qui vous fait plaisir » est aussi une réponse récurrente. Patrice varie alors les plaisirs : la tour d’Albo, la baie d’Albo, les rochers avoisinants. De temps en temps il a droit à des demandes plus rares : le clocher d’Ogliastro, un cochon sauvage, Saint Érasme… Certains demandent un dessin de leur maison (et ils n’ont pas toujours une photo avec eux…).

Et puis les lecteurs ont de l’imagination et de l’humour… Certains nous disent que notre album c’est « l’autre enquête corse », en référence à l’album de Pétillon. D’autres en parlent comme de « L’île au trésor », paraphrasant le titre du roman de Stevenson…

Séances de dédicace

Les séances de dédicace sont une cure de jouvence. L’album semble apprécié, et nous sommes couverts de louanges. Quand ça vient de proches, on peut soupçonner que ce n’est pas très objectif, mais quand de nombreux inconnus vous disent que l’histoire est passionnante et que les aquarelles sont magnifiques, ben ça fait du bien !

Un retour me fait particulièrement plaisir, celui de Nicolas Antona, corse, scénariste de BD (on lui doit notamment le roman graphique Le Fleuriste avec Derji au dessin, qui se déroule dans l’île). Nous faisons connaissance via internet, et dès lors échangeons régulièrement. Il nous invite par ailleurs dans un festival de BD qu’il organise en région parisienne (Carrières sur Seine-Mai 2023).

Au-delà des lecteurs de nombreuses chroniques commencent à sortir, et le son de cloche est le même, qu’il s’agisse de presse BD, de libraires, ou de bloggers. Les critiques sont toutes positives. Dans DBD, le magazine que j’ai le plus suivi en tant que lecteur, Frédéric Bosser nous attribue les lauriers (plus haut niveau de leur système de notation), avec des mots qui font plaisir :

 […] subtilement raconté, Djemnah, les ombres corses est une magnifique quête personnelle au cœur d’une des plus belles îles du monde. […] La restitution des odeurs et les ambiances est incroyable de vérité […] Magnifique !

Je remarque aussi avec beaucoup de plaisir une chronique de Didier Quella-Guyot chez BDzoom. Il est un de mes scénaristes de référence, autant dire que je suis attentif à ses mots concernant Djemnah :

[…] L’enquête familiale et napoléonienne constitue ainsi un dédale menant peu à peu à la vérité, que les adeptes d’intrigues basées sur des secrets de famille et de Grande Histoire apprécieront inévitablement. Ils seront aussi immédiatement charmés, séduits, par les aquarelles et les décors de villages, hiver comme été, mis en scène par Patrice Réglat-Vizzavona.

Première rencontre avec Wandrille, notre éditeur

Paris, c’est aussi ma première rencontre « pour de vrai » avec Wandrille, notre éditeur. J’ai l’impression de le connaitre, sans l’avoir jamais rencontré, car nous avons passé pas mal de temps en visio, et avons eu des échanges d’emails nourris. Je suis content d’enfin lui serrer la main. Je lui suis infiniment reconnaissant de son investissement à nos côtés. Au-delà d’un éditeur, il a été un formateur de talent, parfois brut de décoffrage, mais même si ça faisait un peu mal, je sais que son attitude a toujours servi le projet. Et puis qui comprend un peu le personnage ne se formalise pas de la forme abrupte de certaines réactions et commentaires. Merci Wandrille !

C’est aussi lors du Vernissage de l’exposition parisienne que nous rencontrons Laurie Cazaubon, qui est en charge de l’organisation de notre tournée de dédicaces. Elle y met beaucoup d’implication, en étant toujours à notre écoute, avec beaucoup de flexibilité. Merci Laurie, et Merci à toutes les équipes Delcourt qui accompagnent l’album durant cette période de lancement, du marketing aux relations presse, en passant par les festivals: Maud, Catherine, Sibylline, Célia, Louise, Mélanie…et bien sûr notre assistante éditoriale Adèle.

Après l’exposition parisienne, nous enchainons par deux jours de dédicaces en Belgique, à Waterloo et Bruxelles (Librairie Brüsel dans les deux cas), où nous sommes accueillis par Reynold et Marc-Antoine, des libraires passionnés, passionnants, et investis. Ils ont adoré l’album et ont commencé à le défendre et le promouvoir dans leurs deux librairies. Ils ont tiré un ex-libris d’une case de l’album, pour l’occasion (100ex), que nous signons, Patrice et moi-même à notre arrivée. Un émerveillement de plus. Moi qui courais après ce genre de document quand j’ai commencé à m’intéresser à la BD, voilà à présent que j’en signe un… 

Patrice a par ailleurs réalisé une gravure originale sur bois, qui donne lieu à un autre ex-libris (100 ex également) qu’il fait tirer lui-même sur une vieille machine d’imprimerie. Patrice emmène avec lui la matrice bois lors des dédicaces pour expliquer comment est réalisé la gravure. C’est souvent source d’étonnement pour les lecteurs…

Gravure originale sur bois pour un ex-libris

Durant notre présence en Belgique, la RTBF consacre un reportage à l’album dans le « télé-matin » local sur la première chaine. Là encore le chroniqueur et la présentatrice ont des mots qui font du bien !

Ces séances de dédicaces font le plein. Tout comme celles d’Alès, chez Alès BD (je suis le local de l’étape), où nous participons à l’un de leurs Tiny desks (dédicaces en musique avec un groupe qui joue pendant que nous signons). Affluence à Arles aussi, chez Arles BD, où c’est cette fois Patrice qui joue à domicile.

Dans la foulée, nous sommes conviés par Yoann à un live instagram de Livressedesbulles. Environ 2 heures d’interview en direct sur Insta avec Patrice, autour de la genèse de l’album. Yoann, avec l’aide de Claire de Fillefan2bd, sait mener ses entretiens ! L’exercice est périlleux… Comment expliquer et donner envie, sans trop spoiler le récit… Au final un bon moment, qui, je pense, éclaire bien le projet.

Juillet arrive.

Une session de dédicaces importante se profile…Celle que nous allons faire en Corse…

Pour le moment le seul son de cloche corse que j’ai entendu est familial. Même s’il fait plaisir, il est évident qu’il n’est pas très objectif. J’ai hâte de me confronter à des corses qui sont étrangers au projet. Nous avons 3 journées de dédicaces prévues. 2 à Bastia, et une dans le village où se déroule l’action de la BD. J’appréhende un peu. Delcourt a fait un peu de publicité dans Corse-Matin, mais à ce stade il n’y a quasiment pas eu de Relation presse, mis à part un petit article dans le supplément hebdomadaire du même journal (Settimana), et une chronique avec une interview de Patrice de 2 minutes sur RCFM (le France bleu local). 

Une lectrice d’un village du cap corse me contacte via instagram quelques jours avant notre venue. Sa fille a découvert l’album à Bordeaux dans une librairie, elle a adoré. Elle me demande où acquérir l’album en Corse et me pose des questions, car elle a elle-même des liens avec le village du récit. Nous échangeons pas mal de messages. Je suis amusé par son enthousiasme enlevé. Elle a parlé du livre a toute sa famille et elle me dit qu’ils viendront en nombre le jour de la dédicace à Albo. Voilà de quoi me rassurer !

Vient donc le week-end prolongé en Corse.

Chapitre 14 : Retour aux sources

Ex-libris tiré de la gravure sur bois ci-dessus

Si l’accueil des libraires bastiais est parfait, et leur investissement dans l’album, marqué, les deux séances de dédicaces bastiaises ne sont pas une grande réussite. Vraisemblablement un problème de date. C’est le week-end du 14 juillet et les Bastiais ont fait le pont pour se rendre « au village ». Bref il n’y a pas grand monde dans la ville, les touristes n’étant pas encore non plus très nombreux (« la saison estivale, maintenant, c’est 20 juillet-20 août », nous dit-on). Nous signons tout de même quelques albums, mais on est loin de l’affluence des séances de dédicaces précédentes. Déception. J’espère que c’est effectivement juste un problème de date. Reste le souvenir de très belles rencontres avec les libraires des librairies Piuma Lesta et Alma. Ils ont l’intention de défendre l’album qui devrait s’installer dans la durée selon eux. La librairie Alma produit une vidéo (merci Christophe !) dans laquelle Patrice et moi-même sommes interviewés autour de notre roman graphique.

Le lendemain c’est la dédicace à la marine d’Albo. Le décor de l’album.

Une épicerie de saison qui a une partie « marchand de journaux » a pris l’album en dépôt.

Chantal et Lionel l’ont bien mis en valeur avec une belle PLV à l’entrée de la boutique, et une affichette au niveau de la caisse. Une dédicace chez eux, ça ne s’est probablement jamais fait, ourarement (le village compte 50 habitants à l’année). Vu la faible affluence les deux jours précédents à Bastia, je suis plutôt inquiet. Et pourtant… Cette session dédicace dans les décors de Djemnah, les ombres corses sera l’un des acmés de la phase de lancement de l’album. Nous devions signer de 11h à 13h, et la séance se poursuivra non-stop, quasiment jusqu’à 16h. Plus de 70 albums passeront entre nos mains. Les échanges seront nourris avec nos visiteurs. Je revois bon nombre de connaissances, mais il y a aussi pas mal d’inconnus, venus pour le livre. Qu’importe s’il fait 35°, et un soleil de plomb (on a quand même un parasol et une bouteille de St Georges !). On en sortira lessivés, mais heureux ! Le village aura fait un superbe accueil à notre histoire !

Je rencontre la lectrice qui m’avait contacté par instagram. Sa famille est effectivement venue en nombre. Ils sont très enthousiastes, c’est de famille donc…

La journée passe très vite, et nous voilà de retour sur le continent, avec pour ma part, le plaisir de me dire que je serai de retour dans 15 jours pour les vacances…

Ex-libris signés

Des vacances sous le signe des dédicaces sauvages. Au village, l’épicerie continue de vendre le livre et me sachant dans les parages, ils me préviennent quand des albums sont à signer (je m’essaie même au dessin, Patrice n’étant plus à mes côtés… Mais mon registre est moins large, je ne fais que des tours génoises…). Je participe également à un salon d’artiste dans le village voisin de Canari, où l’affluence sera aussi une réussite pour Djemnah. C’est l’occasion de rencontrer des artistes qui écrivent, dessinent et produisent des albums en Corse (dynamique maison d’édition Corsica Comix, créée par Frédéric Federzoni, avec qui j’ai grand plaisir à échanger. C’est lui qui a édité Le fleuriste de Nicolas Antona et Derji, précédemment évoqué.)

La lectrice instagram me recontacte et m’invite à dîner pour me faire rencontrer sa fille qui, à l’origine, avait repéré l’album à Bordeaux. Soirée très sympathique face au golfe de Saint Florent dans le village de Farinole. Quand un livre débouche sur ce genre de rencontre, et d’instant partagé, on se dit que c’est quand même pas mal d’écrire des histoires… Je demande à Camille (la fille) comment elle a eu vent de l’existence de l’album. Elle me dit qu’elle est abonnée au compte de Léa Salamé, et qu’elle a vu la story que cette dernière avait partagé… Bref, merci Léa, je vous dois cette rencontre et cette soirée délicieuse. Camille a même cuisiné des cannellonis au Brocciu, un plat emblématique, pour moi, un souvenir des repas de ma tante bastiaise, un classique de mes vacances de jeunesse. Le plat est, du reste, présent dans l’album… Merci à cette famille de lecteurs pour son accueil si agréable !

Durant l’été de nouvelles chroniques continuent à sortir sur le net. France bleu Drôme Ardèche propose de gagner l’album en faisant un sujet de 3 minutes sur le livre dans lequel je suis interviewé

Voilà trois mois que l’album est sorti. La phase d’effervescence autour de Djemnah s’achève. La rentrée littéraire arrive avec des centaines de nouveaux albums. 

En septembre, BDgest, un des portails de référence du domaine, chronique tardivement l’album. Mais ça valait le coup d’attendre. F.Houriez écrit :

Philippe Donadille signe son premier scénario. Selon l’expression consacrée, ce coup d’essai est un coup de maître […] À la manière d’un roman d’Umberto Eco, une forme littéraire populaire (ici le thriller), se nourrit et s’étoffe de nombreuses références culturelles, d’individualités tourmentées et d’un agencement chronologique subtil, le tout nimbé d’une réelle poésie, donnant vie à une œuvre dans laquelle consistance et légèreté se côtoient harmonieusement. Certes, une ode à la Corse, mais aussi bien davantage. Cette prouesse scénaristique ne serait rien sans la force et la délicatesse du trait de Patrice Réglat-Vizzavona (Le Passager). Son graphisme précis, autorisant cependant toujours des zones de flou, reposant sur de très beaux lavis, portés par une mise en couleur à l’aquarelle, fait de chaque planche et de chaque case un bonheur pour le regard. […]

Planches originales chez Huberty & Breyne

C’est en septembre également que je rencontre Charles Bonaparte. Arrière-arrière-petit-neveu de Napoléon, il est l’ainé de la dernière lignée Bonaparte. Il avait écrit un livre intitulé Bonaparte et Paoli, aux origines de la question corse, qui avait été une de mes sources documentaires lors de l’écriture du scénario. J’avais donc à cœur de lui offrir un exemplaire de Djemnah. En recherchant comment le contacter, je me rends compte qu’il passe une partie de l’année dans un village à 30 minutes de chez moi. Je trouve un moyen de le joindre. Il lit l’album qu’il apprécie. Rendez-vous est pris pour une discussion autour du sujet « Bonaparte et Paoli ». La correspondante locale de Midi-Libre en fera un article.

Nous signons le livre à Marseille (Librairie Prado Paradis), puis à Nîmes (Librairie la Bulle).

Djemnah entre dans sa vie de croisière post lancement.

A ce stade, je ne sais pas si l’album est un succès en termes de chiffres, mais à coup sûr il est un succès en termes d’accomplissement personnel, et d’expérience dans cet univers de la BD. A l’heure où j’écris ces lignes, le prochain « événement » qui est planifié pour moi concernant Djemnah est le festival d’Audincourt en décembre 2022. Ils viennent tout juste d’attribuer à notre album le prix Ecureuil Découverte 2022! J’espère que d’autres festivals viendront… J’ai pris goût à la rencontre des lecteurs… Patrice a, lui, d’autres rendez-vous, d’autres festivals. Notamment celui d’Ajaccio en novembre 2022. Évidemment j’aurais aimé y être. Mais je savais que les festivals sollicitent avant tout les dessinateurs, donc je ne suis pas très surpris que dans bien des cas il soit seul convié. J’espère tout de même pouvoir me glisser à ses côtés de temps en temps. Aller dans un festival c’est la seule chose que je n’ai pas encore expérimentée… ça vient… La route est encore longue pour Djemnah… Je l’espère ! »

 
J’espère —je reprends la parole, après le dernier chapitre du journal de bord de Phillippe— j’espère que vous avez apprécié cette série qui dévoile les coulisses d’un album de sa première idée à sa sortie en librairie.

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Si vous arrivez ici sans avoir lu l’épisode 1, 2 & 3 vous pouvez cliquer ici.

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Toutes les illustrations, textes et photos sont © Philippe Donadille / Patrice Réglat-Vizzavona / Delcourt

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