Vous avez encore 6 jours pour précommander votre exemplaire, et un Windows on the world au passage si vous avez un peu de sous de côté, pour aider l’éditeur à sortir cette version française exclusive puisque l’album n’a pas encore d’éditeur en version originale (probablement chez Fantagraphics selon le dessinateur sur ses réseaux sociaux).
Je vous en parle car Windows on the world —leur précédent bouquin avec Zack Anderson— est un très bon album qui décrit avec beaucoup de sensibilité des parcours de vie hors de leurs attaches, avec des personnages qui doivent se réinventer dans des environnements hostiles. Ce dont il sera aussi question dans My Fairy Godfather mais avec un angle différent.
Des fenêtres sur le monde d’après…
Dans Windows on the world on découvrait l’odyssée de Fernando venu chercher son père à New York depuis le Mexique, suite aux attentats du 11 septembre 2001. Un jeune homme vivant dans la clandestinité, prêt à tout sacrifier pour retrouver la trace de son père qui travaillait dans l’une des deux tours. Si la famille suivait de près la quête de Fernando, lui découvre la vie d’immigré aux USA et ce nouveau monde qu’il n’avait pas envisagé.
Sans abri, travaillant au noir pour un autre clandestin, Fernando fait le tour de la ville et ses quartiers immenses pour retrouver la trace de ce père parti quelques mois plus tôt pour travailler et envoyer de quoi aider sa famille. Avec sa seule photo et la conviction de sa mère qui l’aurait aperçue aux informations, il va découvrir l’envers du décor de ce rêve américain. Une fiction qui rappelle que derrière cette tragédie du World Trade Center, s’en cache une autre, celle des invisibles, comme ces travailleurs sans-papiers qui travaillaient dans les cuisines du Windows on the world, l’un des restaurants du World Trade Center et dont les corps n’ont pu être identifiés faute de savoir qui était là. Ou celle des lois anti-immigration et de la politique nationaliste de Georges W Bush, celle des guerres en Afghanistan, Irak, Philippines, Pakistan pour la seule période 2001-2004.
Les auteurs nous montrent cette Amérique qui se polarise encore un peu plus à la chute des deux tours à travers le destin de ce jeune mexicain. Le trait réaliste de Jon Sack est pour beaucoup pour l’ancrage dans le réel de cette histoire. En noir & blanc, jouant sur les masses de noirs pour donner des ambiances claires obscures, son style se rapproche de celui de Joe Sacco qui illustre ses documentaires avec une approche similaire ou celui de Don Lomax qui dépeint les coulisses de la guerre du Vietnam dans son Vietnam Journal.
De New York au Texas
Pour ce nouveau projet, Robert Mailer Anderson & Jon Sack se remettent au travail pour cette fois proposer une fiction autour de l’homophobie au Texas. On découvre la ville d’Austin à travers les yeux de Billie qui arrive vivre chez son parrain.
Celui-ci, propriétaire d’un cinéma indépendant et érudit est aussi victime d’homophobie avec son compagnon Steven. Billie va elle, subir les moqueries et le harcèlement de certains camarades de son nouveau lycée tandis qu’elle doit faire face à un drame familial. Les auteurs tempèrent la situation par la relation entre Billie et son parrain, qui, comme pour Fernando dans Windows on the world nous laisse sur une note d’espoir.
L’écriture littéraire de Robert Mailer Anderson complète bien le dessin de Jon Sack —cette foiis en couleur— évoqué plus haut et si leur duo s’attaque à nouveau des problématiques fortes c’est toujours avec la même finesse. Ne manquez pas de pré-commander le livre sur Ulule pour aider l’éditeur à sortir le projet, même avec un objectif dépassé, pour le diffuser dans les meilleures conditions.
Image principale © Robert Mailer Anderson /Jon Sack / Komics Initiative