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Critiques
par Thomas Mourier - le 28/10/2025
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par Thomas Mourier - le 28/10/2025

« Je me tiens juste devant une page blanche comme si j’avais un flingue sur la tempe » Interview de Will McPhail pour la sortie de L’amour et la vermine

Un très beau recueil de dessins de presse parut initialement dans le magazine The New Yorker, sélectionnés et compilés par thématiques qui dévoile toute la palette de l’humour incisif du dessinateur écossais. Également diplômé de zoologie, Will McPhail fait des animaux, et en particulier des rats et pigeons —la vermine— ses personnages de prédilection.

Il publie à 26 ans ses premiers dessins dans The New Yorker, l’un des titres de presse américaine les plus réputés, qui offre une grande place à la bande dessinée et au dessin de presse. Dans L’amour et la vermine, on retrouve un best-of —conçu par l’auteur et l’éditeur français du livre— pour revenir sur 10 ans de dessins. 

Si le nom de Will McPhail ne vous est pas inconnu, c’est que vous avez surement vu son album Au-dedans publié l’an dernier [lire notre coup de cœur], qui a raflé tous les prix : prix de la BD Fnac France Inter 2025, Prix Comics de l’ACBD & le prix des le prix des Libraires aux First Print Awards 2024. 

Je vous propose une rencontre à l’occasion de sa venue en France pour en savoir plus sur ce beau livre. 

Comment as-tu préparé la sélection des dessins pour ce recueil ? 

Will McPhail : Nous y avons travaillé avec Nicolas Beaujouan, mon éditeur, et ce sont juste ceux qui me font le plus rire. J’ai essayé de m’amuser avec ceux que j’aime le plus.

Pour ces dessins, comment cherches-tu les thèmes ou les idées ? 

Portrait de l’auteur / photo DR ©404 Éditions

W. McP. : Je ne cherche pas, je suis juste fou [rires], j’écris tout ce qui me passe par la tête.

Je garde ça avec moi, en fond, comme un monologue intérieur [je traduis monologue intérieur, mais il évoque la technique du stream of consciousness si vous voulez creuser] jusqu’à ce que quelque chose de drôle surgisse.

Est-ce que tu continues de dessiner pour le New Yorker

W. McP. : Oui toutes les semaines ! 

Je leur soumets 10 propositions chaque semaine, et la plupart vont à la poubelle. Le rédacteur en chef n’en choisit qu’un pour le magazine. 

©Will McPhail / 404 graphic

Que fais-tu des propositions rejetées ? Tu les retravailles pour les reproposer ? 

W. McP. : Non souvent je les publie sur Instagram, mais ils ne sont pas aussi bon que celui qui a été sélectionné [rires].

Quels sont tes outils ? Tu travailles parfois en numérique pour ces dessins ? 

W. McP. : Non, mon matériel est un peu old school, j’aime dessiner au crayon, utiliser de l’encre, peindre à l’aquarelle et toutes ces choses. 

Je dessine à la tablette graphique assez rarement, si je suis loin de ma planche à dessin, sinon c’est juste un stylo et de la peinture à l’ancienne.

Pour trouver les idées, est-ce que tu notes sans cesse des choses dans un carnet ou est-ce que pour tenir ce rythme, tu te mets devant ta planche à dessin en cherchant des idées ? 

W. McP. : Oui, il y en a beaucoup qui viennent quand je me promène dans Édimbourg, où je vis, mais la plupart du temps je me tiens juste devant une page blanche comme si j’avais un flingue sur la tempe, en espérant qu’ils apparaissent. Du coup, je passe énormément de temps sur ma planche à dessin.

©Will McPhail / 404 graphic

Est-ce que tu scénarises tous ces gags ou parfois le dessin apparaît en premier ? 

W. McP. : J’écris presque tout avant de dessiner, le dessin arrive finalement juste à la fin. Donc oui, il faut m’imaginer écrivant sur un bloc-notes la plupart du temps. 

Est-ce que tu pratiques le carnet d’observation ? Est-ce que tu dessines dans des carnets sans forcément penser au boulot ? 

W. McP. : Je dessine de manière impulsive ! Je dessinerai tout le temps même si ce n’était pas mon métier, je ne peux absolument pas m’arrêter. Je dessine vraiment tout le temps, je ne me souviens pas d’une époque où je n’avais pas de crayon dans la main. 

Est-ce que tu lis de la bande dessinée ? Pour le plaisir ou t’inspirer ? 

W. McP. : Je lis principalement des romans, des romans classiques la plupart du temps. Mais mon autrice favorite en ce moment est Zoe Thorogood. Une dessinatrice britannique dont je vous recommande It’s Lonely at the Centre of the Earth, c’est incroyable [lisez notre coup de cœur ici]. 

©Will McPhail / 404 graphic

Tu es sur un prochain livre ? J’ai entendu que tu discutais de ça avec Basile Béguerie ton traducteur ? 

W. McP. : Oui, j’ai une idée. C’est encore un peu brut encore, mais ça parle d’amitié et du besoin de demander la permission pour être créatif, ce genre de choses. Enfin, pour l’instant. 

Est-ce qu’avec le succès de Au-Dedans, tu as plus de pression ? 

W. McP. : Non, au contraire je me suis senti accueilli et ne ressens pas de pression pour quoi que ce soit. On parle souvent du syndrome du deuxième album ou quelque chose comme ça, mais non, je suis à l’aise avec ça. 

Je vous invite à découvrir ce recueil de dessin singulier, mais aussi Au-Dedans si ce n’est pas déjà fait, un des albums les plus marquants de ces dernières années. 

L’amour et la vermine de Will McPhail, 404 graphic

Traduction de Basile Béguerie 


Toutes les images sont ©Will McPhail / 404 graphic

©Will McPhail / 404 graphic
©Will McPhail / 404 graphic
©Will McPhail / 404 graphic
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