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par LiseF - le 3/06/2020
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par LiseF - le 3/06/2020

Mes ruptures avec Laura Dean : du rose, du gris et des étoiles dans les yeux

Il y a des albums qui vous marquent durablement, qui vous font pousser des "ooooh" d'amiration à chaque page, et qui vont font sourire quand vous y repensez. J'ai ressenti ça avec L'Âge d'Or, avec PTSD... et avec Mes ruptures avec Laura Dean. Paru le 18 mai dernier, l'album risque d'être noyé dans le flot de sorties suivant la fin du confinement. Et ce serait dommage que vous manquiez une telle pépite.

Les désillusions de Freddy

Freddy est une jeune lycéenne de dix-sept ans. Elle a des amis, elle ne s'en sort pas trop mal à l'école, et les gens l'aiment bien. Mais Freddy a un problème : Laura Dean n'arrête pas de rompre avec elle. Laura, c'est la plus belle et la plus populaire du lycée. Avec sa coupe de cheveux hyper classe, son physique de top model et son attitude constamment désinvolte, elle peut devenir amie avec n'importe qui. Aux yeux de Freddy, elle rayonne comme un soleil et bien sûr, notre héroïne revient toujours vers Laura quand celle-ci claque des doigts.

Inlassablement plaquée, puis reprise, puis re-plaquée, puis re-reprise, Freddy perd pieds. Être amoureuse d'une personne qui ne vous aime que de temps en temps, c'est dur. À la recherche de conseils, elle décide d'écrire à Anna Vice, une chroniqueuse dont on ne sait pas grand-chose. Ces messages, à sens unique, constitueront la voix-off de l'histoire. Tous les textes hors dialogues seront dans des fenêtres d'ordinateurs, et nous inviteront à plonger dans les pensées de Freddy. Peut-on quitter une personne dont on est follement amoureuse ? Comment faire pour exister par soi-même, sans la personne qu'on aime mais aussi en tant qu'adolescente de dix-sept ans dans un monde en constante mutation ? Au fil des pages nous suivrons les histoires d'amour et d'amitié de Freddy.

À la fois léger et plein d'enjeux

Vous l'aurez constaté je pense rien qu'en découvrant les deux images ci-dessus : ce qui touche dans un premier temps, ce sont les graphismes. Le choix des couleurs d'abord, est vraiment astucieux. Je me pâme devant les niveaux de gris des Ogres-Dieux, ici c'est un peu la même chose, mais avec en plus du rose pâle. Des choix assez surprenants mais diablement efficaces, qui rendent les compositions de Rosemary Valero-O'Connell à la fois simples et belles. Parce que oui, je pense qu'on peut vraiment parler de compositions ici : l'oeuvre alterne entre doubles-pages, pleines pages, s'autorise de grands vides pour mieux suspendre l'action, joue avec la typographie...

Le dessin en lui-même est tout simplement beau, sans fioritures, et crée l'émotion sans tomber dans le pathos. Côté scénario, comme mentionné plus haut, les avides d'action trépidante risquent de s'ennuyer. Le récit prend son temps, les enjeux sont parfois très forts, parfois mineurs. Une vie est faite de hauts et de bas, de moments intenses et d'accalmies, et l'album reflète tout à fait cet équilibre. Mariko Tamaki a su trouver de mon point de vue un ton très juste, mais qui ne plaira pas à tous les types de lecteurs. Mes ruptures avec Laura Dean a la légéreté et les enjeux d'un bon teen movie, de ceux qu'on re-regarde encore et encore avec sa comfort food préférée et qu'on recommande à tous nos potes qui n'ont pas la pêche.

Mes ruptures avec Laura Dean est un vrai bijou visuel, et une bouffée d'air frais scénaristique. C'est d'autant plus plaisant que ce gros one-shot compte 300 pages, et nous permet de passer du temps avec l'adorable Freddy, à la fois malicieuse et perdue. L'album est disponible depuis le mois dernier chez Rue de Sèvre, au prix de 18 euros.

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