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par Elias Toussaint - le 26/08/2021
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par Elias Toussaint - le 26/08/2021

Pourquoi aime-t-on les mangas de sport?

Slam Dunk, Captain Tsubasa, Eyeshield 21… Les mangas de sport ont marqué notre enfance et continuent de nous faire rêver aujourd’hui. Mais pourquoi sont-ils aussi excitants ?

Qu’ils portent sur des sports individuels (Ippo, Hinomaru Sumo), collectifs (Dream Team, Ao Ashi), ou même sur des jeux de société (Hikaru No Go, March Comes In Like A Lion) ces séries sont bourrées de retournements de situations, de succès galvanisants, mais aussi de déceptions dévastatrices, et de cliffhangers presque cruels (c’est pas gentil de finir un chapitre sur un ballon décisif roulant vers le but adverse. Mais autrement, lirait-on la suite ?).

Pas besoin d’aimer le sport en question pour apprécier le manga ! Dans les séries les plus réussies, le lecteur a la sensation de vivre les faits et gestes des personnages, et de faire partie intégrante de l’équipe. La narration est structurée de façon à ce que l’on s’attache à des personnages résilients et charismatiques, entourés des sidekicks les plus drôles, apportant une bonne ambiance nécessaires après les moments les plus tendus.

Parce que lire un manga de sport, c’est y jouer de la manière la plus intense possible, sans bouger de son canapé

Captain Tsubasa : Rise of the new champions / Namco Bandai / Tamsoft

Ce genre se base sur un sujet compétitif et excitant par définition. Mais bien loin d’un pâle reflet de la réalité, il va chercher plus loin en amplifiant la part émotionnelle au maximum, et en exacerbant les exploits athlétiques et mentaux. 

En fait, le manga de sport change les règles et les possibilités pour recréer le match que l’on aurait rêvé vivre dans nos rêves les plus fous. Mais attention, vivre ne signifie pas y prendre part, car même si l’on a parfois le souffle coupé et le sang qui bouillonne, c’est toujours en étant assis bien confortablement !

Parce que c’est TOUJOURS PLUS

Traverser un terrain de football américain à la vitesse de la lumière est impossible? Par sur que Sena de Eyeshield 21 soit d’accord avec ça…

Alors oui, les réalités et les limites physiques sont grandement bafouées, et ce peut-être parce que les mangakas se penchent sur des sports qui sont moins ancrés dans leur culture que dans celles d’Occident. Et c’est bien cela qui fait du manga de sport un genre palpitant, qui nous laisse bouche bée (ou dubitatifs) lorsqu’un joueur fait une course à la vitesse de la lumière ou frappe si fort dans le ballon qu’il explose le gardien, les cages, et les tribunes du stade.

Ces déformations sont parfois nécessaires pour renforcer l’aspect théâtral d’un sport qui peut être dur à dépeindre. Effectivement, on imagine mal le manga Captain Tsubasa s’inspirer d’un match nul Guingamp – Valenciennes où les joueurs peinent à enchaîner trois passes, avec un ballon qui se retrouve plus souvent hors du terrain que dedans, et où l’action est interrompue toutes les 5 minutes pour une prétendue main observée depuis l’assistance vidéo (VAR).  Non, l’équipe de Tsubasa Ohzora enchaîne les passes en tornade et les feintes de l’aurore avant de finir l’action avec un tir de l’aigle.

Il est important de rappeler que les aptitudes hors du commun des personnages ne créent pas de déséquilibre entre les équipes, étant donné que les héros comme les antagonistes ont obtenu des dons surhumains, soit dès la naissance, soit par le travail. 
Cette notion de travail est d’autant plus importante que le genre respecte amplement les codes du shonen nekketsu : les personnages principaux suivent un parcours classique où ils vont se démener et repousser leurs limites, après avoir reçu un échec cuisant mais formateur.

De par leur détermination et leur abnégation, leur charisme se développe, et leur rage de vaincre force souvent le respect de leurs adversaires, avec qui une compétitivité quasi fraternelle va rapidement se créer, car la puissance ne respecte que la puissance…

Parce que LA ZONE existe

Les fans de Kuroko’s basket vont ici être servis. Dans ce manga, certains personnages tels que Seijūrō Akashi sont capables de rentrer dans un état suprême de concentration et de contrôle d’eux-mêmes, nécessaire afin de réussir chacun de leurs coups et d’utiliser la totalité de leur potentiel : la Zone.

Et selon la source la plus fiable possible (l’auteur de cet article), ce phénomène existe réellement. Qui n’a jamais eu l’impression, durant quelques heures ou quelques jours, que tout lui réussissait ? Qu’il ou elle se sentait accompli*e et que concevoir les projets les plus fous était possible ? Si la plupart du temps cette impression est courte et extrêmement rare, elle en est d’autant plus visible et jouissive.

Si vous doutez de la véracité de son existence, vous trouverez un article de l’Obs qui étudie l’apparition de ce terme

Et quelle meilleure époque pour l’observer que durant les Jeux Olympiques ?

Ao Ashi / Yûgo Kobayashi / Shogakukan

Par exemple lorsque qu’un leader comme Earvin Ngapeth, à coups de smashes et de sauvetages au ras du sol, va emmener les bleus jusqu’à la victoire, alors que l’immense majorité des analystes ne pouvaient concevoir que cette équipe décrocherait la médaille d’or en volley à Tokyo.

Parce que c’est la Vie !

Au final, le manga de sport c’est un peu tout cela. C’est un condensé de Vie, où nos personnages préférés vont affronter les épreuves herculéennes qui s’offrent à eux. Elles vont représenter la toile de fond du spectacle de nos héros, qui vont se battre comme si leur vie et toute leur âme en dépendait. Ils vont tirer leur épingle du jeu, dans un monde de requins où la trahison est de mise, et où les amis sont à chérir et à protéger. 

Le manga est ici le vecteur parfait car il joue sur la compression du temps : en exprimant les pensées des personnages à chaque instant, ce qu’ils ressentent et endurent, en agissant sur leur vécu pour créer de l’empathie dans les fameux flashbacks, et surtout par la technique de faire durer une action de quelques secondes sur plusieurs pages, en créant une ambiance aussi électrique pour les personnages que pour le lecteur. 

Ce n’est pas à la télé que l’on vivrait ça…


Illustration : YOICHI TAKAHASHI / SHUEISHA / 2018 CAPTAIN TSUBASA COMMITTEE

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