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Critiques
par Elias Toussaint - le 28/06/2021
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par Elias Toussaint - le 28/06/2021

Chiruran : lutte à son climax entre le Shogunat et l’Empire

La fin du shogunat n’est plus qu’une question de temps. Un dojo formé par de jeunes sabreurs ambitieux s’apprête à rejoindre le combat. Etincelles et membres tranchés garantis.

En pleine sortie du modèle isolationniste qui a été le sien des siècles durant, le Japon de la période du Bakumatsu (de 1853 à 1868) est en proie à une période de luttes politiques et de combats armés.

Avec une base historique plus éclectique qu’avérée, ce manga chanbara suit la quête de Toshizô Hijikata dans le but de devenir un meilleur bretteur. Belliqueux et avide de puissance, il va diriger l’histoire du Chiruran: Shinsengumi Requiem.

L’intrigue obéit à deux temporalités, l’une suivant un dojo composé de jeunes talents, à la fin de l’ère d’Edo (1859), et l’autre autour de la journaliste Makoto Ichikawa, la dernière année de l’ère de Meiji (1912). Cette dernière tente de retracer l’histoire de ce mystérieux groupe de samouraïs et de rônins qui ont tenté tant bien que mal de tenir tête à l’Empire. Un véritable choc culturel entre une journaliste du nouveau siècle, moderne et civilisée, et un membre d’une caste violente et révolue, s’étant battue à mort jusqu’à sa dernière heure.

L’introduction est déjà explosive et pleine d’action, avec une rapide présentation de deux des personnages principaux. Si le lecteur se fait ici rapidement une idée de ce qui va suivre, on pourrait cependant y ressentir un goût de déjà vu et une suite d’interventions quelque peu prévisibles. Mais ce n’est pas suffisant pour rasséréner notre curiosité, qui, grâce au choix scénaristique très réussi de Hashimoto, alternant entre les interrogations de la journaliste M. Ichikawa, et le contenu du témoignage de son interlocuteur, se fait aspirer par le suspense créé dans les deux époques.

Au lieu de chercher les blessés, je les fabrique”

Ce choix est d’autant plus réussi que l’on remarque deux ambiances bien distinctes entre les deux époques, tant au niveau du décor que des costumes et des interactions. Le choix d’avoir basé la quasi-totalité des personnages sur des personnalités historiques est un autre atout apportant du contexte et de l’épaisseur au récit.

Le dessin est d’une particulière beauté, notamment grâce aux traits vampiriques de certains personnages, leur donnant un aspect creepy et menaçant, aux sourires carnassiers qui ornent leurs visages, et à des tracés fins et incisifs et de longs costumes d’époque, qui donnent du charisme aux personnages.. Les combats sont caractérisés par des traits déformés et striés qui donnent une impression de mouvement et de rapidité, faisant écho à l’impulsivité du protagoniste.

A cela s’ajoute une succession de cases alternant entre gros plans subjectifs, montrant les émotions des personnages, et les déplacements dans l’espaces de ces derniers. Le surlignage du bord des bulles dégage une tension constante qui pimente le manga et y ajoute de la violence, pertinente dans le déroulé narratif. Point important pour les amateurs de baston : le scénariste, Shinya Humemura, est le même que le manga à grand succès Valkyrie Apocalypse,(on vous en parlait il y a quelques jours.) Le petit plus de Chiruran est son ton parfois comique, développé par des personnages très puissants, qui pourtant ne se prennent pas au sérieux , à l’instar de Luffy (One Piece) ou de Yuji Itadori (Jujutsu Kaisen).

En somme, une amorce bien rythmée et singulière, mais qui perd un peu en consistance et en développement des personnages. Chiruran réveille globalement de grands espoirs, et Mangetsu le prouve en réalisant un travail d’édition attrayant, avec une jaquette brillante et colorée. Un choix osé, mais moins surprenant quand on sait que ce manga est  un gros succès depuis 2010 au Japon.

Deux tomes sont déjà disponibles, et les deux suivants seront à dévorer le 18 août et le 6 octobre prochains. Bon voyage dans la fin du Shogunat !


Illustrations : © Chiruran, Shynia Unemura & Heiji Hashimoto, Mangetsu

©Chiruran / Eiji Hashimoto & Shinya Umemura/ Mangetsu
© Chiruran / Eiji Hashimoto & Shinya Umemura/ Mangetsu
© Chiruran / Eiji Hashimoto & Shinya Umemura/ Mangetsu

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