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par AlexLeCoq - le 12/10/2013
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par AlexLeCoq - le 12/10/2013

Goggles, la critique

Le mangaka Tetsuya Toyoda revient en France, après Undercurrent sorti en 2008 chez Kana, avec un recueil de six nouvelles nommé Goggles dans la collection Latitudes de chez Ki-oon.

De prime abord, Goggles ne s’apparente pas à un manga classique de part son format, plus imposant, mais aussi de part de son contenu qui tranche réellement avec la plupart des oeuvres japonaises. Et il ne faut pas s'y méprendre, car si Goggles semble être une oeuvre légère, elle va nettement plus loin que ça. C'est en plongeant le lecteur dans le coeur de ses 6 nouvelles écrites que Tetsuya Toyoda se livre et offre ses talents de mangaka. Goggles lui a notamment permis de remporter le prix Afternoon en 2003, 16 ans après sa première participation.

Dans les grandes lignes, Goggles plonge le lecteur dans le Japon contemporain en offrant des tranches de vie de parfaits inconnus, tel un fantôme ou un observateur invisible passant par là.
Si la plupart des nouvelles sont mélancoliques, Slider est la seule qui diffère vraiment dans ses propos en offrant une histoire mélant fantastique et humour pour un résultat incroyablement réussi. Et Ki-oon a eu raison en proposant cette nouvelle d’entrée de jeu car elle permet de rentrer dans le style de Toyoda de manière tranquille, avant les claques à venir par la suite. 

En effet, la suite n’offre pas le même style d’ambiance et abandonne rapidement son approche humouristique pour s'adonner à un ton beaucoup plus grave dans les histoires suivantes. Pour autant, le mangaka de 46 ans sait comment manier les mots et il arrive à allier des thèmes lourds tels que la perte d’un enfant avec l’histoire de M. Sakai dans Tonkatsu ou la maltraitance juvénile avec le personnage de Hiroko dans Goggles d’une façon assez simple sans pour autant être simpliste. Il fait comprendre bien plus à son lecteur à travers une case vide que ne le ferait un autre avec un monologue interminable. Il maîtrise parfaitement son format et il sait où son histoire le mène, rien n’est inutile.

Mais Tetsuya Toyoda arrive à appliquer avec brio la même formule à son dessin. Sans offrir une performance graphique, il réussit à être efficace dans ses traits qui sont simples, maîtrisés et qui ne se chargent pas de détails inutiles. Les détails, il les garde pour ses visages qui sont réalisés avec une crédibilité impressionnante, notamment dans la scène la scène de plage d’Aller à la mer qui se révèle incroyablement chargée en émotions. Tous ses personnages ont une aura propre, à l'image de Kôhei, du détective Yamazaki ou encore de Kôichi, il n’est pas nécessaire de les connaître pour se les approprier, les comprendre et les adopter. Mais la crédibilité de son univers passe aussi par son Japon qui semble retranscrit à la perfection. Il explique lui-même dans la postface qu’il est allé jusqu’à se rendre dans un salon de thé pour le reproduire à la perfection. Postface d’ailleurs très intéressante à parcourir une fois le manga fini pour bien comprendre tous les tenants et les aboutissants de Goggles, qui se révèle être un manga assez unique et très juste dans les sentiments traités.



Vous l’aurez compris, Goggles est une oeuvre incroyable qu’il ne faut surtout pas manquer. Même si toutes les nouvelles de Tetsuya Toyoda sont indépendantes, elle partagent au final énormément et abordent des thèmes familiaux assez lourds d’une façon très intelligente qui permet de se prendre d’empathie pour les personnages sans pour autant tomber dans la facilité, ouvrant une vraie réflexion sur la vie. D’autant  plus que l’auteur maîtrise ses nouvelles de A à Z ,que ce soit en termes de narration ou de dessin. Et même si certaines fins semblent très sèches, elles tombent toujours très bien et referment parfaitement le brin d’histoire partagé avec le lecteur.

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