Takashi Murakami fait partie de ces quelques auteurs dont les oeuvres deviennent instantanément cultes. Après un Chien Gardin d'Étoiles disponible aux Éditions Sarbacane ; il revient aujourd'hui chez Ki-oon dans la gamme Latitudes, significatif de grand format, avec l'Oiseau Bleu.
Autant vous le dire tout de suite, Murakami fait partie de ces auteurs qui ont un don pour narrer les tranches de vie, et il articule ici son récit autour d'un drame fondateur. Un banal pique-nique vire au cauchemard quand la voiture familiale quitte la route avec à son bord, Yuki et Noaki, un couple de parents heureux, et leur enfant Shu.
Ce dernier ne survit pas au choc, et son père se retrouve plongé dans le coma. Le rêve d'une famille heureuse est alors brisé, supplanté par la disparition progressive des couleurs des premières pages du manga, jusqu'à retrouver Yuki, terrassée et seule.

À partir de cet évènement tragique, Takashi Murakami, à ne pas confondre avec son homologue artiste contemporain, va s'attacher à nous plonger dans la vie brisée d'une famille en reconstruction, au travers trois récits se concentrant autour de différents membres de celle-ci, tel que les grands parents ou encore le fils d'un ancien employé.
Touchant dès les premières pages, L'Oiseau Bleu une véritable expérience humaine, sans le moindre artifice pour travestir la réalité et la difficulté de l'expérience de la vie.
Son dessin sert parfaitement ce propos, avec un trait rappelant par moment Matsumoto (Sunny) mais aussi Toyoda (Coffee Time).
Traitant aussi bien la non acceptation de la disparition d'un proche, ou encore la perte de volonté en fin de vie, l'Oiseau Bleu est avant tout porteur d'espoir. Car si son propos ne vous ménage pas, son message lui, est plein de lumière.

Murakami prend le pari de croire en la vie, à l'espoir et au fait que l'on puisse forcer ce dernier, à force d'efforts et de persévérance. Une vraie tranche de vie, plongée dans une famille à laquelle on s'attachera très vite, pour mieux les laisser nous toucher. Si vous vous êtes déjà demandé ce que pourrait être la vie des autres, vous avez ici une réponse à votre question, tant le propos de Murakami est juste, faisant écho à nos propres vies, balayant des problèmes familiaux souvent tabous.








