Bien que les éditions IMHO ne semblent pas en avoir terminé avec la publication des œuvres de Shintarō Kago, les éditions Huber ont décidé d’apporter leur contribution à l’essor et la reconnaissance du mangaka en France. On ne va pas s’en plaindre, surtout que les deux éditeurs ne semblent pas piocher dans le même vivier, les éditions IMHO publiant ses œuvres japonaises et Huber ses œuvres parues chez leurs collègues italiens (Hollow Press) et américains (Fantagraphics).
Une fois n’est pas coutume, dans La Princesse du château sans fin, Shintarō Kago s’amuse avec l’espace-temps. Le mangaka imagine et met en scène les différentes morts possibles d’Oda Nobunaga et de ses disciples ou adversaires, puis exploite les possibles multivers parallèles dans lesquels les réalités divergeraient les unes des autres. Cette pluralité de possibilités s’étend scénaristiquement et graphiquement dans des pages très grand format qui mettent encore plus en avant qu’à l’accoutumée la précision graphique, anatomique et architecturale de l’auteur. Le récit, ambitieux et truculent, est à réserver à un public averti, pour sa brutalité, sa déviance, ses délires sexuels et les multiples démembrements/décapitations/écorchements qui parsèment ces réalités parallèles. L’auteur prend un plaisir sadique à dévoiler son concept, puis à le pousser et à le dévoyer progressivement : un régal transgressif !
Les éditions Huber ont pour le moment publié un artbook inédit de l’auteur, mais ont déjà prévu de prolonger l’aventure avec Les douze sœurs du château sans fin (une suite, donc), puis avec les deux tomes de Dementia 21… excellente nouvelle !
La Princesse du château sans fin de Shintarō Kago, Huber
Sortie février 2022
Illustration principale : © Shintarō Kago / Huber