Bon, bien entendu les shôjo restent l'équivalent manga des teen movies à la sauce comédie romantique. Il ne faut pas s'attendre à un propos ultra profond, à un récit à l'intensité dramatique insoutenable ou à des planches au-delà du sublime. Par contre, si on n'est pas contre un moment de lecture léger, un peu guimauve, mais aussi souvent débordant d'humour, quelques titres méritent qu'on s'y attarde. Et il se pourrait bien que, malgré une couverture et un titre moyennement prometteurs, Le garçon d'à côté en fasse partie.
Improbables amitiés.

TONARI NO KAIBUTSU-KUN © ROBICO / Kodansha Ltd., Tokyo.
Shizuku est une élève plus que studieuse. En fait il n'y a même que ses résultats scolaires qui la passionne. Chargée par sa professeure d'apporter des polycopiés à Yoshida, un élève constamment absent, elle va faire la rencontre de ce garçon pour le moins surprenant.
Exclu dès le jour de la rentrée à cause d'une bagarre, Yoshida est considéré par tous comme une vraie terreur. Shizuku est du genre à fuir les problèmes, mais les choses deviennent beaucoup plus compliquées quand l'adolescent décide qu'ils sont amis, et ne la lâche plus d'une semelle.
Une jolie surprise.

TONARI NO KAIBUTSU-KUN © ROBICO / Kodansha Ltd., Tokyo.
Le garçon d'à côté commence un peu maladroitement. Les deux héros sont assez clichés, l'auteure ne prend d'ailleurs pas vraiment le temps de les développer. Les rebondissements, plus ou moins tordus, s'enchainent très vite, et le lecteur habitué du genre aura peur, dès le deuxième chapitre, que le récit ne s’essouffle trop vite (ça arrive souvent).
Sauf que. Robico parvient peu à peu à construire un titre bien moins facile qu'il n'y parait. Au fil des pages, Yoshida et Shizuku gagnent en densité, et plusieurs autres personnages s'intègrent à ce qui devient petit à petit un vrai groupe d'amis un peu farfelu. Chacun arrive avec ses casseroles, et son incapacité jusque là à véritablement s'intégrer. Le récit devient par moment plus sensible, sans pour autant perdre de son énergie.
Et c'est là que Le garçon d'à côté surprend, et se révèle un shôjo vraiment plaisant à découvrir. C'est un peu un mix de titres sensibles, qui dépeignent avec pudeur la solitude des ados, ce sentiment d'être différent, de se sentir exclu (Sawako en tête, sans conteste un des meilleurs titres du genre), et de shôjo beaucoup plus énergique et déjanté. Ce premier tome vire souvent au n'importe quoi, mais on s'attache vraiment aux personnages.
Le dessin est plutôt simple, mais joli et maitrisé, et la mise en scène contribue à ce mélange surprenant mais réussi d'énergie positive et d'émotions plus subtiles.

TONARI NO KAIBUTSU-KUN © ROBICO / Kodansha Ltd., Tokyo.
Si Le garçon d'à côté reste un shojo assez classique, qui séduira donc difficilement au-delà des fans de comédies romantiques, et malgré quelques petites faiblesses, c'est tout de même une vraie bonne surprise. Ce premier tome oscille entre un ton déjanté, et une évocation intelligente et sensible de l'adolescence. Le résultat est encore un peu maladroit, mais plein de fraicheur et de bonnes ondes.








