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Édito
par Thomas Mourier - le 2/02/2024
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par Thomas Mourier - le 2/02/2024

«La saison 2 en réalité, c’est la saison 1 avec notre expérience cumulée» Interview de Robin Emptaz autour du magazine Konkuru

Après une saison 1 qui a posé les bases de ce projet à travers 8 numéros, l’équipe de Konkuru repense son magazine de prépublication pour une saison 2 avec une nouvelle formule. Rencontre avec son directeur de la publication.

On avait suivi le projet au lancement, mais depuis 8 numéros sont sortis en 2022-2023, certains artistes ont été signés pour des one-shots chez des éditeurs, d’autres ont été découverts et rempilent pour la saison 2 du magazine… On avait envie de comprendre comment marche ce magazine de prépublication de mangas qui mise sur sa communauté. 

Est-ce que tu peux nous raconter la genèse de Konkuru ? 

Robin Emptaz : Konkuru, ça commence originellement en 2020 avec la création d’un compte Instagram. L’idée du compte : rassembler les fans de dessin et de les rassembler pour les faire dessiner par le biais de challenges et concours (d’où le nom Konkuru, du mot Concours japonisé). C’est arrivé pendant une période qui est celle du Covid, et les gens avaient besoin d’événements en ligne, de se rassembler, de s’occuper. On crée alors cette communauté sur les réseaux sociaux, via des lives Twitch etc… Et ce n’est que 2 ans plus tard, en 2022, que le projet du magazine voit le jour. 

L’idée d’importer le concept de prépublication en France, beaucoup de membres de notre communauté y sont attachés, avec le rêve de voir émerger une oeuvre majeure en France, à la manière d’un One Piece par exemple. La genèse de Konkuru, c’est donc par la communauté qu’elle s’est construite, et c’est cette dernière qui nous a permis de nous financer au lancement avec un beau crowdfunding.

La façon dont on conçoit le magazine de prépublication ressemble beaucoup à notre conception des concours. L’idée est de s’entraîner, s’entraîner, s’entraîner sur des histoires, et progresser. Que ce soit en faisant des challenges sur les réseaux sociaux, ou en étant prépublié au sein du magazine. C’est une vraie école qui permet de s’entraîner à un rythme soutenu de 1 chapitre par mois, et donc de se fixer des deadlines, de délivrer et progresser.

Notre objectif est de faire en sorte que les mangakas s’améliorent lors de leur aventure au sein du magazine, jusqu’à finalement atteindre le Graal : être édité en maison d’édition. Le magazine de prépublication vient comme palier intermédiaire qui permet de faire tremplin vers la maison, à la fois en testant la popularité d’un auteur, d’une histoire, et en même temps le rythme de travail professionnel.

On revient donc à l’essence même du magazine de prépublication, qui manque aujourd’hui dans le paysage de l’édition. 

Cet objectif, ça colle aussi beaucoup avec le rêve de Medhi, cofondateur. Au lycée, il dessinait beaucoup, mais impossible de concevoir un futur en tant que mangaka en France. Ça, c’était il y a 10 ans. Mais aujourd’hui ça se développe, et l’idée de Konkuru, c’est avant tout de permettre à des jeunes d’envisager un avenir là-dedans, de les motiver, de leur permettre de se lancer. 

Est-ce que tu peux nous présenter l’équipe ? 

R. E. : Medhi Hamazaoui : Président de Konkuru. S’occupe des finances, du droit et de la communication.

Robin Emptaz : Directeur de la publication. S’occupe des partenariats (relation librairies, imprimeur et événementiel) et du marketing

Joffrey Defrance : Directeur éditorial. Gère la ligne éditoriale du magazine et s’occupe de la relation avec les auteurs et leurs projets. 

Stanislas De Goullard et Niho Ame : éditeurs. Suivent différents auteurs au sein du magazine. 

Vous annoncez la saison 2, mais est-ce que tu peux nous parler de la saison 1 déjà ? Est-ce que c’est encore dispo ?

R. E. : La saison 1 n’est plus disponible ! Dans une logique de contrôle des coûts, et d’impact environnemental, nous imprimons à la commande. C’est clé pour une jeune maison d’édition comme nous. D’où l’importance de la précommande et de l’abonnement chez nous.

La saison 1, c’était : 

  • 8 numéros publiés de décembre 2022 à juillet 2023
  • Plus de 20 auteurs publiés
  • Plus de 25 histoires publiées 
  • 3,000 exemplaires sur les trois premiers numéros

Pour nous, c’est le début, c’est l’apprentissage. Tout est nouveau et nous apprenons énormément. Nous ne sommes pas du milieu, et nous sommes extrêmement fiers de ce qui a été produit. Avec une conclusion en beauté avec un stand à la Japan Expo au sein du Quartier Manga. La saison 1 est un succès commercial, nous sommes à l’équilibre.

C’est aussi un succès éditorial : 2 de nos auteurs ont signé en maison d’édition. Mais l’un des plus gros succès pour nous, c’est aussi le succès logistique : 8 numéros de 288 pages, avec à chaque fois 8 auteurs dedans, c’était complexe. Beaucoup de nos détracteurs n’y croyaient pas, mais on a pu prouver que c’était possible de tenir le rythme. 

We are renegades de SRNV ©SRNV/Konkuru

Et pour la saison 2, qu’est-ce qui est prévu ? 

R. E. : Pour la saison 2. On voit les choses en grand. Plusieurs choses : 

  • Un objet revu. On améliore la qualité du tome en revoyant la fabrication et la maquette. 
  • Un prix baissé. On passe de 15€ à 12,5€. Pour toucher un plus grand public. 
  • Une formule revisitée : plus que 6 numéros au lieu de 8. Au sein des numéros, plus que 6 auteurs (5 en série, et 1 en one shot). Une formule plus claire et digeste pour les lecteurs

La saison 2 en réalité, c’est la saison 1 avec notre expérience cumulée. On est beaucoup plus rapides, beaucoup plus organisés, beaucoup plus pertinents. 

Au niveau de nos histoires, ce sont de vraies pépites et nous en sommes très fiers. Globalement, nous avons augmenté le niveau. Tout comme sur l’aspect rédactionnel du magazine. 

Comment les auteur.trice.s sont sélectionnées ?

R. E. : Pour cette nouvelle saison, 3 façons de faire : 

  • On reprend des auteurs de saison 1, et on les lance sur de nouveaux projets. C’est le cas de Lao qui fera Demon Spider, et Billy qui fera Vicious. Tous les deux présents dans la saison 1 avec un one shot, ils font désormais une série en 3 chapitres. 
  • On organise un concours, pour recueillir les candidatures de la communauté. C’est comme cela que nous avons accueilli Matthieu Fayet ou encore Anthony Bernis dans le magazine. 
  • On chasse des auteurs en permanence. Que ce soit pour des one shot ou des séries. C’est comme cela que Léo et SRNV nous ont rejoints. 
Ronin de Matthieu Fayet ©Matthieu Fayet/Konkuru

On évalue leur qualité graphique, il y a un minimum à respecter pour plaire au lectorat, et leur projet éditorial. On prône une certaine diversité chez Konkuru au niveau de ce que l’on propose aux lecteurs. On cherche donc à ouvrir de nouveaux horizons, c’est pourquoi on est à la recherche d’originalité, que ce soit dans le style graphique ou l’histoire. Mais pas trop non plus !

Nos lecteurs veulent lire du manga. On essaye de leur ouvrir les chakras, mais doucement. 

Vous parlez d’accompagnement éditorial, comment ça se passe ? 

R. E. : Une fois sélectionnés, les auteurs se voient attribuer un ou deux éditeurs. Concrètement, c’est quelqu’un qui va être chargé de connaître sur le bout des doigts le projet, et de le porter avec l’auteur. Des retours seront faits à chaque étape du processus : scénario, charadesign, story-board, encrage, et finalisation/correction ortho-typo.

En moyenne, les auteurs voient leur éditeur une fois par semaine. Le rôle des éditeurs en résumé, c’est de faire en sorte que l’histoire sorte dans les temps dans le magazine, et qu’elle soit publiée dans sa meilleure version possible, avec l’accord de l’auteur. 

Demon Spider de Lao ©Lao / Konkuru

Est-ce qu’ils sont rémunérés ? 

R. E. : Oui ! Selon s’ils sont en série ou sur des one shot, la rémunération change. C’est une rémunération forfaitaire, ce qui est le plus intéressant pour les auteurs qu’une rémunération sur droit d’auteur. 

Et en cette saison 2, nous avons augmenté cette rémunération forfaitaire de 50%, et nous avons introduit un intéressement aux bénéfices. Les auteurs touchent 30% de nos bénéfices à la fin de la saison. 

Qui réalise les couvertures ? Comment elles sont choisies, chartées ? 

R. E. : Les couvertures sont pensées pendant l’intersaison (août 2023 – décembre 2024). On a travaillé en vase clos avec l’équipe, on a sélectionné des propositions et une fois que nous en avons eu 3 correctes, on a fait voter notre Club Lecteurs ! C’est un groupe composé des personnes de la saison 1, et qui ont rejoint un canal privé. La couverture que vous voyez actuellement, c’est donc eux qui en ont choisi la DA. 

Ensuite, une fois cela fixé, on fait apparaître nos auteurs en série dessus. Ils réalisent une illustration couleur et on l’intègre à la couverture. 

Quels sont les titres phares ?  Je crois que certains sont publiés chez d’autres éditeurs ?

R. E. : De notre saison 1, nous avons deux auteurs qui sont désormais en maison d’édition : 

C’est la preuve que notre proposition intéresse et plaît. On va continuer à pousser cette logique et à identifier les pépites comme on a réussi à le faire pour ces deux grâce à nos sondages lecteurs.

Pour répondre à la question : quels sont les titres phares ? Ce sont les lecteurs qui choisissent ! Ce n’est pas nous. Pendant la saison 1, beaucoup de nos croyances ont été balayées, et elles le sont constamment. On a nos préférences chacun en interne, mais in fine ce sont les lecteurs qui choisissent. C’est le propre du magazine de prépublication. 

Comment on peut se procurer Konkuru et combien ça coûte ? 

R. E. : On peut se le procurer sur notre site internet. Soit à l’unité, un Konkuru c’est 12,50€, soit par abonnement. 

On aura quelques événements en librairie et festivals, mais c’est minime ! 

La saison Konkuru strike 2 démarre tout juste, vous pouvez commander le T1 et le T2 déjà sur leur site ou encore lire la saison 1 gratuitement en numérique. Et si vous hésitez encore, vous pouvez jeter un oeil sur cet extrait du nouveau numéro.


Illustration principale : extrait de La Fille aux papillons © Léo / Konkuru

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