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par Thomas Mourier - le 26/11/2021
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par Thomas Mourier - le 26/11/2021

3 pour le prix d’1 ? Aux crises du papier et des transporteurs s’ajoute celle des distributeurs

Nouveau coup dur pour le secteur du livre, un diffuseur annonce ne plus pouvoir suivre devant la hausse de l’activité, entre retards et livraisons impossibles puis impose des commandes groupées et augmentées aux libraires.

En pleine crise du papier & des matières premières (lire notre article), mais également des transports qui pèsent sur la production de livre, ce mois-ci c’est un distributeur (intermédiaire entre l’éditeur et le libraire) qui fait les frais de la situation post-pandémie et de l’augmentation des achats.

MDS (société du groupe groupe Média Participations (Dargaud, Dupuis, Lombard, Urban, Kana) qui représente entre 30-40 % de la diffusion en France (selon un rapport de l’Autorité de la concurrence) a communiqué à ses clients sur les retards de livraisons qui touchent aussi bien les nouveautés que le fond puis dans un 2e temps annoncé qu’elle ne pourra pas assurer les livraisons de commande de moins de 2 exemplaires (courrier disponible sur le site du Syndicat de la librairie française ici).  

Un coup dur pour les libraires, dans une période clef, qui ont du mal à recevoir les derniers best-sellers, de Goldorak à Largo Winch et qui désormais sont contraints de sur-commander pour assurer les commandes clients et les achats unitaires.

Vous pouvez lire cet article très complet de Nicolas Gary sur le site Actualitte : Des retards de livraison en librairie et la chaîne du livre menace d’exploser

📈 Des bonnes nouvelles ? 

Dans son courrier, l’opérateur explique « Depuis plusieurs semaines, l’activité réassort MDS est supérieure de 84 % par rapport à 2020. Nos projections de début décembre donnent des niveaux de progression inédits. » 

84 % de volumes en plus, qui transitent dans les différents points de vente et, à confirmer après la fin d’année, un beau bilan pour les libraires qui vendent ces volumes.  

Nicole Vulser signait hier un article dans Le Monde sur L’étonnante floraison des librairies en France soulignant d’ailleurs la bonne santé des librairies indépendantes  : « Le Centre national du livre a ainsi soutenu à hauteur de 1,37 million d’euros (en prêts et subventions) dix créations de librairies en 2020 et trente en 2021. Sur cette période, dix aides ont été refusées et vingt dossiers jugés inéligibles. Dans l’Hexagone, on comptait déjà, en 2019, 3 500 librairies indépendantes. » 

Ou encore le Pass culture majoritairement utilisé pour des achats de manga en librairie qui contribue à la vague manga qui porte ces chiffres exceptionnels. 

⚖️ 3 pour 1 ? 

Dans son courrier, MDS indique également une obligation de commander par 3 minimum (et sans possibilité d’être livré pour un livre à l’unité jusqu’au 30 décembre) et annulant même des milliers de commandes unitaires. Sur Bubble, nous n’avons pas échappé à ces retards et annulations.

Pour les libraires, c’est à la fois un casse-tête pour répondre aux commandes des clients sans surcharger leur comptabilité avec des livres qu’ils vont payer, et devoir renvoyer ensuite (les sommes ne sont pas remboursées, mais créditées sur un prochain achat, donc multipliées par 3 ces avoirs vont devenir très importants).

Mais également pour le bilan carbone, de tous ces livres non désirés qui vont faire l’aller-retour. Sans compter que nombre d’entre eux vont s’abîmer

Antoine Oury, toujours chez ActuaLitté a recueilli les témoignages de libraires et de Stéphane Aznar, directeur général de Média Diffusion pour évoquer la colère des libraires : Boycott, représailles, vengeance : la colère des librairies BD contre MDS

Photo de la conférence de presse du FIBD / visuel de Léa Murawiec sur la Lecture, grande cause nationale en 2021

Mais un point qui n’est pas abordé est celui des éditeurs et des auteurs.  

Les petits éditeurs vont subir cette obligation de commande par 3 de plein fouet, soit en ne recevant presque plus de commandes, pour des livres vendus à l’unité mais dans plusieurs points de vente ; avec un gros manque à gagner pour cette fin d’année. Soit en subissant en début d’année 2022 les retours de ses « 2 de plus » à créditer,  à traiter, à détruire si abimés…

Pour les auteurs, c’est une option terrible qui va favoriser les best-sellers et pénaliser les auteurs moins connus, qui ont des tirages plus faibles, moins de visibilité dans les médias…

On vous invite à faire un tour sur Les titres de la Compétition Officielle du Festival de la BD d’Angoulême qui propose une sélection d’albums éclectiques avec pas mal de titres chez des éditeurs indépendants. 

Pour les lecteurs et clients, la situation n’est pas désespérée puisque les librairies ont pas mal de stocks (vous pouvez chercher ici les disponibilités dans notre réseau) et les autres diffuseurs ne sont pas impactés de la même manière, même si certains accusent aussi du retard. 

Pour les professionnels, le Syndicat de la librairie française a répondu à MDS dans un courrier, sur ces conditions imposées aux librairies et certains libraires vont saisir le Médiateur du livre. MDS assure donner des informations régulières et tout faire pour avancer et protéger ses salariés. 

Affaire à suivre.


Image principale : photo prise dans les entrepôts de Bubble

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