Cette année, les 48hBD fêtent leurs 10 ans et si cet événement à commencé comme une opération commerciale pour faire venir du monde en librairie sur le modèle américain du Free Comics Book Day (FCBD) où les libraires ont la possibilité d’offrir des albums à leurs clients pour les faire venir durant un week-end, la version française à évolué.
Après un lancement en 2013 qui proposait d’offrir des albums jusqu’en 2014. La formule change de 2015 à 2017 où les albums deviennent payants, à 1 €, puis 2 € après 2018 tout en se dotant d’une partie événementielle. Qui sera doublé d’un volet en ligne depuis la pandémie.
Au passage, la formule du Free Comics Book Day (FCBD) sera reprise par une autre association, le Free Comics Book Day France qui propose des comics (extraits ou mini-histoires) gratuits durant un week-end en mai depuis 2014. Depuis la pandémie, les éditions sont en pause.
On présente souvent la sélection d’albums à 2 € pour présenter les 48hBD, mais il y a un vrai volet événementiel non ?
Patrick Hourcade : « Les 48hBD, c’est à la fois l’opération commerciale à 2 euros, mais aussi la partie événementielle ou sociale. Mais c’est cette opération commerciale qui finance tout le reste.
Tout est imbriqué. À la base, on est une association créée par des éditeurs qui voulaient valoriser la bande dessinée et les auteurs. Et il faut trouver des financements et ils se font via la vente des BD à 2 euros. Une partie des bénéfices de ces BD vendues dans les 1700 librairies qui participent reviennent à l’association. Il y a une partie pour le libraire, pour le diffuseur, pour l’éditeur et l’auteur. “
‘On a 500 animations sur 2 jours, on n’en a jamais fait autant. Et malgré la Covid on arrive à trouver des animations et des structures qui veulent participer soit sans auteurs (avec des chasses au trésor, expos…) soit avec des invités : on est entre 250 et 300 auteurs qui vont bouger ce week-end. C’est énorme, il n’y a pas d’autres manifestations en France ou en Europe qui arrivent, sur 2 jours, à mobiliser autant. Mais comme nous n’avons pas un lieu unique et qu’on est éclaté sur toute la France et Belgique, on ne se rend pas compte de tout ce que ça fait. Si on réunissait toutes ces animations en un seul lieu, on serait aussi important qu’Angoulême ou plus gros que Japan Expo ou Livre Paris.
Notre approche est que la bande dessinée est pour tout le monde et partout. Alors effectivement il est plus facile pour un média de mettre en avant la BD à 2 €, que de mettre en avant les 500 animations perdues dans tous les départements.»
Est-ce que les auteurs sont rémunérés par vous ?
Patrick Hourcade : « À 95% c’est l’association 48hBD qui prend en charge la rémunération des auteurs en suivant les tarifs de la Charte des auteurs-illustrateurs qui prévoit 274 euros brut pour la demi-journée et 454 euros brut pour la journée complète. Nous on finance quasiment l’intégralité, mais certaines structures ont l’habitude et leurs financements propres aussi ils ne nous demandent pas tout, mais une prise en charge ; ce qui permet de répondre positivement à toutes les structures en aidant les plus petites ou isolées. On va aider ces structures qui ont moins l’habitude ou pas de budget, c’est vraiment important qu’on les aide car on veut que la culture aille aussi là-bas.»
Est-ce que les auteurs ont aussi des droits d’auteurs sur les albums de la sélection à 2 euros ?
Patrick Hourcade :« L’association 48hBD s’assure que chaque auteur des 15 titres de la sélection touche des droits sur la vente de ces albums-là. Après, il appartient à chaque éditeur et chaque auteur de trouver un arrangement, et je ne le connais pas, cela ne regarde pas l’association.
Mais pour en avoir discuté avec les éditeurs manga qui participent, les éditeurs japonais demandent les mêmes droits que si l’album était vendu au prix normal. »
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Dans cette sélection, il n’y a pas de comics, est-ce que les éditeurs se sont reportés sur le FCBD ?
Patrick Hourcade : « C’est un choix des éditeurs. L’association 48hBD est ouverte à tous les éditeurs avec un droit d’entrée (ils sont en charge aussi de fabriquer les albums). Et c’est vrai que les éditeurs comics ont l’habitude de travailler avec le Free Comics Book Day, mais cette année deux éditeurs se sont posé la question de nous rejoindre, mais c’était un peu tard pour les intégrer. Mais à l’avenir, certains éditeurs comics vont rejoindre les 48hBD. Ce n’est pas la même approche, ce n’est pas un album complet, mais une preview qui est offerte. Nous on propose un album complet pour 2 euros. Ce n’est pas exactement la même démarche. »
Il y a un volet scolaire aussi pour accompagner ces 2 jours ?
Patrick Hourcade : « Les jeunes lecteurs sont les lecteurs de demain. On veut accompagner les enseignants et montrer que la BD ce n’est pas que du divertissement même si ça l’est aussi. »
On offre 50 000 BD pour les écoles et centre d’accueil. On propose aussi des fiches pédagogiques pour que les enseignants puissent travailler sur la bande dessinée à l’école, il y a 24 fiches de créées cette année. En plus de cela, il y a la « BD débarque en classe » qui démarre aussi le 1er avril pour proposer 10 titres en lecture gratuite avec les 10 fiches pédagogiques correspondantes. »
Et en ligne, cela continue avec la reprise des événements en librairie ?
Patrick Hourcade : « Depuis 2 ans, à cause du Covid, on a créé les 48hBD en live : des rencontres, débats, tutos, masterclass ou battle dessins. On continue cette année avec 50 auteurs sur notre chaine YouTube, Facebook ou Twitch.Tout le vendredi et samedi pour finir avec la Battle de dessin France — Belgique. »
C’est les 10 ans cette année, qu’est-ce que vous imaginez pour la suite ?
Patrick Hourcade : « Quand on regarde l’évolution : c’était une opération commerciale et c’est devenu un événement. C’est ça qu’il faut continuer à promouvoir : encore plus d’auteurs qui rencontrent le public (et qui sont rémunérés) et encore plus d’animations partout. Mais toujours sur 2 jours. »
Illustration principale : © Johan Pilet / 48H BD