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par Republ33k - le 29/01/2015
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par Republ33k - le 29/01/2015

FIBD 2015 : rencontre avec le syndicat des auteurs de bande-dessinée

Le 42ème Festival International de la Bande-Dessinée d'Angoulême était pour nous l'occasion de partir à la rencontre de la branche BD du SNAC, le Syndicat National des Auteurs Compositeurs, qui pour cette nouvelle édition du FIBD, emmène des revendications avec lui.

Nous avons donc eu la chance d'écouter deux membres du comité de pilotage du syndicat, dont Denis Bajram, qui se sont exprimés sur le statut très particulier qu'est celui de auteurs de bande-dessinée. On le sait, la branche BD du SNAC s'est donné pour objectif de protéger les auteurs du 9ème art en leur apprenant à faire valoir leur droits et en les fédérant. Très logiquement, les deux artistes sont donc revenus sur l'union de leurs pairs face à une situation légale et sociale de plus en plus complexe.

Souvenez-vous, c'est l'augmentation des cotisations retraite pour les auteurs de la BD qui avait eu l'effet d'une alarme dans le coeur de nos artistes favoris, qui ont depuis décidé de s'unir et se défendre dans un marché qui leur est de plus en plus hostile (cette augmentation des cotisations de retraite représentant, par exemple, pas moins d'un mois de salaire pour la majorité des auteurs).

A ce titre, Denis Bajram rappelle que les auteurs pouvant vivre convenablement de leur métier sont très peu nombreux. Ils sont un "club" au milieu d'un groupe, qu'on estime à tout juste 1500/2000 personnes, qui a du mal à joindre les deux bouts. Ces "sous-smicards", comme Denis Bajram les appelle non sans peine, sont de plus en plus présents et crystalisent les problèmes inhérents au marché très spécifique de la bande-dessinée française, et notamment la surproduction, qui est intervenue à plusieurs reprises dans notre échange.

Mais derrière le statut toujours plus précaire des auteurs se cache une réalité plus triste encore. Comme les deux intervenants le rappellent, le problème dépasse très largement la vie des artistes de la bande-dessinée, et concerne tout notre capital culturel. Pour Denis Bajram, la bande-dessinée est le coeur de la créativité française. Et si ce coeur cesse de battre, ce sont des domaines comme l'animation ou le jeu-vidéo, constament irrigués par l'idée d'une BD à la française, qui seront également menacés.

En somme, et comme le souligne Bajram, la mauvaise situation des auteurs n'est que la surface visible de l'iceberg, un immense problème de fond qui implique tout le marché, libraires comme journalistes, écoles de BD comme lecteurs. Un mal profond, qui touche tous les acteurs du neuvième art, et donc les également les éditeurs.

Sur ce point, les deux intervenants se montrent plus réservés. Pour eux, ils serait trop simple de désigner les grands groupes d'édition comme les seuls responsables. Mais force est de constater qu'en 2015, les grands groupes continuent d'étaler leur paradoxale majestée, profitant de la maille financière que représentent des classiques comme Astérix ou Lucky Lucke tout en poussant des palettes entières de nouvelles licences qui ne sont pas assez solides pour perçer sur le marché.

De la même manière, ils sont aussi les premiers à défendre des écoles de bande-dessinées, qui promettent un avenir radieux aux jeunes artistes, alors qu'ils sont parfaitement conscients des réalités du milieu : la plupart du temps, les jeunes auteurs n'auront d'autres choix que d'accepter les rares (voire alimentaires) contrats qu'on leur offre, quand ils ne seront pas simplement menés à la baguette par cet argument qu'on retrouve partout : "si vous voulez vivre de votre passion, il faut accepter quelques sacrifices".

Moralité, tout n'est pas rose cette année à Angoulême, mais pour la première fois, les auteurs seront entendus à travers les Etats Généraux de la BD, qui ont officiellement démarré ce matin, et une marche qui partira du Champ de Mars samedi à 14h30. Deux symboles qui nous donnent envie de croire à un début d'amélioration pour la situation des auteurs. Mais comme la rappelé Denis Bajram, cette amélioration ne se fera pas sans efforts. Il a ainsi conclu sur ces mots :

"S'il le faut, nous le feront sans les éditeurs. Mais nous préférerions ne pas en arriver là. Chaque fois que nous perdons du temps à discuter business, nous ne produisons pas. Mais ce ne sont pas eux qui vont écrire les albums à notre place"

Preuve est faite que les auteurs commençent à prendre position dans ce débat qui nous concerne tous, nous autres lecteurs de bande-dessinée.

Image de couverture par James.

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