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Critiques
par Lise Famelart - le 7/04/2022
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par Lise Famelart - le 7/04/2022

Celle qui parle, œuvre historique et magnifique

Vous avez peut-être déjà croisé le nom d’Alicia Jaraba en librairie : c’est la dessinatrice de l’Onde Dolto et Les détectives du surnaturel. Celle qui parle est la première bande dessinée en France dont elle signe à la fois le scénario et le dessin. Et pas de doute, elle démarre très très fort !

Malinalli est la fille du chef d’un clan d’Amérique centrale. Pourtant, sa vie n’est pas celle d’une privilégiée : régulièrement, elle doit se cacher dans les arbres pour ne pas être kidnappée par les soldats des clans rivaux. Et ce n’est pas la seule menace qui la guette, puisqu’elle est finalement vendue comme esclave par sa propre famille. Réduite au travail forcé, elle observe d’un œil attentif l’arrivée des conquistadors. Lorsqu’elle comprend qu’elle va pouvoir s’extraire de sa condition en devenant interprète, elle décide de venir en aide aux envahisseurs dans leur dialogue avec les clans locaux. Mais ce faisant, elle en vient à trahir les siens, et fait face à de terribles dilemmes moraux…

Dans Celle qui parle, l’autrice Alicia Jaraba raconte l’histoire de la Malinche, une femme qui a réellement existé et qui est très célèbre au Mexique. Particulièrement intelligente, elle officia en tant qu’interprète mais aussi en tant que conseillère en diplomatie auprès du conquistador espagnol Hernán Cortès. C’est un personnage ambiguë, parce que son côté savant est reconnu, mais sa trahison l’est aussi. Raconter sa vie en BD est donc un vrai défi, et l’autrice s’en sort vraiment très bien. À travers l’histoire de Malinalli, c’est la condition des femmes à cette époque qui est mise en lumière. En cela, l’album est parfois difficile, l’héroïne affrontant de nombreuses épreuves. Mais quoiqu’on pense de ses choix, on ne peut qu’être impressionné par son intelligence et sa force de caractère. Alicia Jaraba raconte aussi un pan de l’histoire peu exploré en France, celui des rivalités entre clans d’Amérique centrale avant l’arrivée des conquistadors. L’album est à la fois passionnant et émouvant. Pour ne rien gâcher, le dessin est vraiment maîtrisé, notamment au niveau des ambiances : la guerre, la tranquillité passagère d’un campement, le côté majestueux d’une cité… pas de doute, l’artiste sait ce qu’elle fait. Un excellent one-shot, à découvrir chez Grand Angle.

Celle qui parle d’Alicia Jaraba, Grand Angle


Illustrations © Alicia Jaraba / Grand Angle

© Alicia Jaraba / Grand Angle
© Alicia Jaraba / Grand Angle
© Alicia Jaraba / Grand Angle
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