Joana est déterminée : partie du vieux continent pour de mystérieuses raisons, elle a bien l’intention de faire fortune en trouvant de l’or. Mais les expéditions n’acceptent généralement pas de femmes, et elle va devoir payer sa place auprès d’un explorateur louche pour rejoindre une bande de chercheurs d’or. Mais au royaume de la fourberie, les sournois sont rois, et l’équipée s’enfuit à l’aube sans elle. Joana décide alors de les suivre, afin de les rattraper et de les convaincre de l’emmener avec eux. En parallèle on suit l’histoire de Tala, autochtone maltraitée par les colons, qui a rejoint l’expédition en tant que guide. Face à la cruauté et la cupidité de ces hommes, la sororité serait elle la clé de la survie ?
Nuria Tamarit nous avait déjà convaincus par son coup de crayon. L’artiste a son style bien a elle, et ses personnages reconnaissables entre tous. Avec La louve boréale, on apprend aussi qu’elle est douée pour raconter des histoires. Choisir comme cadre l’Amérique du Nord en pleine invasion, c’était l’assurance d’obtenir un récit épique et bourré d’enjeux. Mais l’autrice nous propose aussi un récit profondément féministe. On s’attache à tous les personnages féminins, assez différents les uns des autres, mais tous animés d’une impressionnante fureur de vivre. Au-dessus de tout ce petit monde plane l’ombre de la louve boréale, cet animal gigantesque qui surgit de façon inopinée et sème le carnage. Si ces apparitions ont le côté un peu facile d’un deus ex machina, elles ont le mérite de donner un côté métaphorique à l’œuvre : la nature se défend et riposte, parfois de façon encore plus cruelle que l’agresseur. Joli coup pour Sarbacane, qui publie une œuvre à la fois palpitante et esthétiquement magnifique. L’éditeur a su faire honneur au talent de l’artiste avec un bel ouvrage en grand format à la couverture rigide. Une des plus belle lectures du moment !
La Louve Boréale de Nuria Tamarit, éditions Sarbacane
Illustrations : © Nuria Tamarit / éditions Sarbacane