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par Elsa - le 10/07/2015
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par Elsa - le 10/07/2015

Mal de mère, la critique

La collection Quadrants de l'éditeur Soleil accueille cette fois-ci Mal de Mère, récit autobiographique de Rodéric Valambois.

Quand tout sombre.

Rodéric est un petit garçon de neuf ans. Un grand-frère, une petite soeur, un père strict et toujours très occupé et une mère aimante qui se plie en quatre pour la maisonnée. Mais petit à petit la machine se dérègle, le quotidien se remplit de petits détails bizarres, moins doux, jusqu'à ce que Vanessa pose des mots sur son malaise : "Maman est alcoolique." Il était le seul à ne pas avoir compris, il se sent bête. Et puis la situation lui apparait sous un jour nouveau, entre détresse, tristesse et rage.

Entre rage et solitude.

Mettre en mots et en images un drame familial malheureusement trop courant, l'alcoolisme d'un parent, mais toujours incroyablement compliqué et douloureux n'était sans doute pas un exercice aisé. On aurait vite pu tomber dans l'excès de pathos, de rage, dans l'impression d'être invité à regarder quelque chose de trop intime. Pourtant Rodéric Valambois parvient à livrer une oeuvre sincère, à raconter l'histoire à travers son regard d'enfant, tout en y ajoutant sa nuance d'adulte, et de père, qui au fil des ans a appris à ne plus voir les choses de la même façon.

C'est une descente aux enfers graduelle, celle d'une femme et d'une famille qui ressemble de moins en moins à une jolie photo de famille. Trois enfants qui grandissent trop vite, acceptent plus ou moins bien selon les jours les mensonges et les reproches qui volent, un père qui parait démissionnaire mais qui est aussi dépassé, une mère qui se retrouve, à cause et malgré elle, à sombrer dans sa solitude. Et si l'auteur parvient à ne jamais tomber dans le 'trop', Mal de mère n'en reste pas moins assez minant pour le moral, dans le drame qui s'y déroule comme dans les petits détails qui, à chaque page, accentuent la sensation d'isolement et de tristesse de Rodéric.

Le dessin rond et doux, joyeux, qui évoque plutôt un style 'jeunesse' est contrebalancé par la colorisation en nuance de gris, triste et terne, jouant là-aussi sur l'équilibre, entre l'innocence pleine d'enthousiasme de l'enfance et les problèmes de grands qui viennent tout assombrir, tout gâcher. Le trait permet cependant d'atténuer des scènes très dures, et d'apporter une certaine douceur, une certaine bienveillance, notamment concernant la mère du héros, finalement bien plus touchante qu'elle n'est détestable. Passive, mais parce qu'elle n'a plus la force.

Témoignage de l'intime très loin du joyeux, Mal de Mère n'en est pas moins une oeuvre touchante, juste et sincère. Le regard d'un fils, enfant et adulte, sur sa mère, sa famille bancale, et la vie qui continue malgré tout.

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