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Un peu d’amour, les nouvelles aventures de Lapinot T4 de Lewis Trondheim, L’Association
Sortie août 2020
Déjà le 4e volume des nouvelles aventures de Lapinot depuis sa résurrection en 2017 dans Un monde un peu meilleur. Le héros qui était né dans Lapinot et les Carottes de Patagonie en 1992 à L’Association avant de devenir l’une des séries phare de la collection Poisson Pilote chez Dargaud dans Les Formidables aventures de Lapinot où Lewis Trondheim tua son héros en 2004 dans le T8 La vie comme elle vient. Une idée assez neuve dans le monde des héros de bande dessinée, un parti-pris qui secoua les lecteurs, un choix audacieux qu’il expliquait dans son (indispensable) essai dessiné Désoeuvré.
Lapinot revient, simplement, assis sur un banc, un t-shirt orné d’une tête de mort pour seule marque de sa résurrection et reprend ses aventures presque là où il les as laissées. Presque, car Lewis Trondheim est joueur, amoureux des contraintes et des jeux littéraires qu’il parsème dans toutes ses oeuvres depuis le début de sa carrière, trouvent ici une nouvelle incarnation. Les nouvelles aventures de Lapinot sortent du format de l’album classique où chaque album fait appel à des contraintes ou des formes différentes.
Si le premier inaugure cette collection 48cc s’installe comme un prolongement des standards de la BD franco-belge avec ces 48 pages cartonné en couleur (48cc) , le T2 Les herbes folles se présente au format à l’italienne, entièrement muet et composé d’une illustration par page. Le T3 Prosélytisme et morts-vivants a été prépublié lui sur le magazine de BD numérique Mazette et revient au standard du T1 alors que ce nouveau volume Un peu d’amour se présente comme une suite de strips composant une histoire à suivre. Des strips de 3 à 5 cases organisées autour de fils rouges qui ont eu aussi été pré-publiés sur les réseaux sociaux.
Comme pour les précédents, l’auteur s’attaque à quelques travers de notre société, met en scène des situations inspirées de l’actualité ou des nouvelles habitudes liées aux réseaux sociaux, au téléphone ou au langage. Le coeur de l’histoire, de ces histoires, est la rencontre de Lapinot avec un écrivain sans domicile qui devient un phénomène littéraire et sa rencontre avec une bibliothécaire franche & entêtée, et le trio enchaîne les quiproquos et les situations loufoques. Une série de gags ponctués d’autres avec le tandem de choc Lapinot-Richard qui renoue avec les Lapinot du début.
Si les strips sont réussis et les dialogues toujours très fins, c’est du côté du dessin que Lewis Trondheim se renouvelle le plus. Après plus de 15 ans de carnet quotidiens, de dessin d’observation et d’aquarelles (dont on peut voir la trace dans Les Petits Riens), l’univers graphique de Lapinot s’est enrichi et les décors prennent une vraie place dans la poésie décalée de l’auteur. En grand connaisseur des auteurs de strips américains, on peut voir pas mal de référence à Gasoline Alley de Frank King, avec ces pages sur le bruit des saisons, l’observation des petits mystères de la nature et des gags autour du temps qui passe.
Un nouvel album réussi, qui donne envie de relire toute la saga (21 albums très différents avec les hors-séries).
Illustration principale © Lewis Trondheim / L’Association