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Lapinot et les carottes de Patagonie n’était pas destiné à être publié par son auteur, l’exercice imposant a pourtant plu à ses camarades de L’Association qui veulent éditer le livre qui, au fil des pages, est devenu bien plus qu’un simple exercice.

Lewis Trondheim y trouve son style, sa science du dialogue piquant qui va devenir sa marque de fabrique, son goût pour les scénarios ludiques, les contraintes créatives et surtout un casting de personnages qui ne vont plus le quitter. Et mieux, ces héros animaliers vont incarner comme des acteurs virtuels des rôles différents selon les séries de l’auteur —à la manière du star system d’Osamu Tezuka— ne le quittant plus, de ses autobiographies à Donjon et toutes les déclinaisons de Lapinot.

Dans Lapinot et les carottes de Patagonie on découvre un univers feuilletonesque au sein d’un même album, ce gros pavé se présentant comme une collection d’histoires où on fait le lien entre les épisodes, on comprend qu’il y en a eu d’autres dont on n’a pas connaissance. LMC. Cette origine va marquer l’univers de Lapinot qui ne cessera d’être une collection de feuilletons, de forme et de taille différentes, qui viendront compléter l’ensemble dont il n’est pas nécessaire d’avoir tout lu pour l’apprécier —et même, probablement impossible à lire dans son intégralité pour les lecteurices n’ayant pas eu les premiers volumes en main, certains étant épuisés.

Extrait de *Mildiou* ©Lewis Trondheim / L’Association

On le retrouve physiquement dans Mildiou, en 1994, mais où il est simplement appelé Lapin (et Richard tient le rôle de Mildiou). Cet album est construit sur une contrainte, l’ensemble est un combat qui dure le temps d’un album et aurait pu trouver place dans Lapinot et les carottes de Patagonie comme l’histoire inachevée Capharnaüm [mais pas ce Capharnaüm, lisez l’article dédié ici]. Mildiou permet à Lewis Trondheim de tester ses personnages un peu plus à travers ce duel unique, dans une version plus accessible que les carottes de Patagonie (sans oublier un clin d’oeil à La Mouche qu’il prépare au même moment pour Le Seuil).

🖼️ Le cas Antonio Lapinot

Pendant la réalisation de Lapinot et les carottes de Patagonie, Lewis Trondheim travail sur d’autres histoires, et la première à être publiée avec un lapin en guise de héros sera Un intérieur d’artiste en 1991 qui met en scène Antonio Lapinot aux prises avec un étrange personnage venu lui acheter son inspiration artistique.

L’inspiration est un sujet clef pour le jeune auteur qui a déjà publié douze numéros de son fanzine ACCI H3319 entre 1988 et 1990 ; un album avec une case photocopiée où seules les bulles changent, Psychanalyse en 1990 ; et un album dans le même esprit avec des dessins de Jean-Christophe Menu, la même année : Moins d’un quart de seconde pour vivre.

Après Lapinot et les carottes de Patagonie il enchaîne avec Slaloms et explique à Thierry Groensteen dans la monographie qui lui est consacrée que personne n’en voulait après avoir fait le tour des éditeurs, mais une fois publié à L’Association en 1993, il est lauréat de Alph-Art coup de cœur à Angoulême en janvier 1994 et Dargaud se positionne.

Slaloms sera entièrement redessiné —avec de petites variations— et mis en couleur pour constituer le tome 0 d’une nouvelle série Les Formidables Aventures de Lapinot.

Pour lire la suite cliquez sur Les Formidables Aventures de Lapinot
Sinon tentez Du Star System au « Lapinot-verse » en passant par Martin Mollin pour en savoir plus sur les avatars du lapin
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