Bubble

On a déjà évoqué l’apparition de Lapinot dans Lapinot et les carottes de Patagonie mais aussi celle d’Antonio Lapinot dans Un intérieur d’artiste pour les premiers tâtonnements de l’auteur avec ce personnage. On le retrouve physiquement dans Mildiou, en 1994, mais où il est simplement appelé Lapin —et Richard tient le rôle de Mildiou [on en parlait ici].

Puis ce sera dans Slaloms qu’il trouve son identité définitive qui aboutira aux Formidables Aventures de Lapinot mais immédiatement remise en question par les variations des albums Blacktown, Walter, Vacances de printemps (avec Frank Le Gall), L’Accélérateur atomique qui font partie de la série et offrent des Lapinot alternatifs à celui de la continuité présent dans Slaloms, Pichenettes, Amour et interim, Pour de vrai, La Couleur de l’enfer, La Vie comme elle vient.

🎭 Du Star System au « Lapinot-verse »

Les personnages de Lewis Trondheim incarnent des rôles différents selon les albums ou les séries, un peu à la manière d’acteurs qui auraient des rôles différents. C’était l’une des caractéristiques des personnages d’Osamu Tezuka, qui avait appelé cette particularité Star System. On a un réservoir de personnages qui peuvent endosser différents rôles selon les histoires, passer de personnages principaux à secondaires ou vis-versa. Tezuka aimait aussi se représenter avec un alter ego dans certaines planches, un peu comme le shérif dans Blacktown qui a les traits du personnage d’alter ego utilisé par Trondheim [on en parlait ici].

Extrait de *Chiquenaude* ©Lewis Trondheim

Dans Chiquenaude [on en parlait ici], Lewis Trondheim montre ses personnages comme des enveloppes vides accrochées sur des cintres, des costumes qu’il peut incarner dans n’importe quelle histoire, il écrit « ce sont des personnages que j’utilise régulièrement. Ça fait que quand je travaille, j’ai une situation de base et les personnages agissent presque d’eux-mêmes. »

En 2001, il répondait aux questions de Laurent Gerbier & Didier Ottaviani et précisais cette idée : «Pourquoi créer de nouveaux personnages alors que certains peuvent servir de matrice et s’en enrichir ? Il faut qu’un album isolément soit intéressant, mais il faut aussi que l’ensemble des albums ait une richesse supplémentaire, et que ce ne soit pas une simple répétition d’actions et de scénarios. »

C’est cette couche supplémentaire, toujours ludique, qui va permettre à ce « Lapinot-verse » d’arriver aujourd’hui à toutes ces singularités.

Toujours dans cet esprit, on peut facilement faire le lien entre Herbert, le canard vedette de Donjon et son « rôle » de Félix dans Lapinot, particulièrement présent dans les Formidables Aventures sans Lapinot.

📚 De Lapinot à Martin Mollin

Je vous détaillais les histoires courtes dans les autres albums mettant en scène Lapinot [ici] et je parlais de l’histoire courte Capharnaüm publiée dans le N°6 de la revue Nicole en 2017 qui est différente de l’album du même nom Capharnaüm publié en 2023. Dans ce dernier, on découvre un autre projet avorté de l’auteur qui a un lien avec l’univers de Lapinot !

Un personnage, Martin Mollin, est commun à l’univers de Capharnaüm et celui de Lapinot, il apparaît en tant que libraire dans Pichenettes, et ce métier est au cœur de l’intrigue de Capharnaüm.

On peut noter que Martin, le héros de Capharnaüm est aussi un lapin si on aime creuser les similitudes et que les deux univers —différents— se passent tous les deux dans la même ville fictive Saint Stephenbourg.

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