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par Baptiste Gilbert - le 2/01/2024
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par Baptiste Gilbert - le 2/01/2024

Mars Express, l’animation française dernier cri

Avec Mars Express, Jérémie Perrin offre un beau cadeau aux amateurs de films d’animation. En alliant univers de SF parfaitement construit, enquête rondement menée et grands sujets contemporains – l’IA en tête -, le réalisateur de Lastman effectue une superbe mise à jour de l’animation française, garantie sans bugs.

Sorti le 22 novembre dernier, Mars Express de Jérémie Perrin, co-écrit avec Laurent Sarfati, s’est imposé comme le film à ne pas rater pour les amateurs d’animation et de science-fiction. On connaissait déjà le duo Perrin-Sarfati pour leur travail sur la première saison de la série Lastman, qui constituait un prélude à la bande dessinée éponyme. Un succès qui leur avait permis de se lancer dans la préparation de leur projet suivant, encore plus ambitieux : Mars Express. On en attendait beaucoup, et on n’est pas déçu.

Le long-métrage nous projette en l’an 2200 sur Mars, aux côtés d’un duo de détectives privés formé d’une humaine et d’un androïde. Efficaces mais désabusés, en dignes héritiers des grands détectives de films noirs, ils vont enquêter sur l’étrange disparition d’une étudiante, et découvrir peu à peu les nuances les plus sombres de la planète rouge. Le tout sur fond de complot autour des intelligences artificielles, omniprésentes dans leur société.

Vous l’aurez compris, Mars Express n’est pas un film d’animation destiné aux enfants : ils seraient sans doute perdus. Et potentiellement traumatisés. Non, Mars Express est un thriller de SF qui s’adresse clairement aux adultes, et qui le fait très bien. Au-delà de son scénario haletant, le film est bourré d’excellentes idées de réalisation et de montage. Loin de faire virevolter sa caméra, Jérémie Perrin la garde plutôt à la hauteur de ses personnages, en l’intégrant même souvent à la diégèse, et joue de ce point de vue humain, presque documentaire, pour faire découvrir peu à peu son univers.

Et quel univers ! Perrin et ses équipes développent un monde frais et superbement construit. Un monde qui semble vaste, mais dont on ne voit qu’un petit morceau, sans jamais que cela ne soit frustrant. Toujours cohérentes et amenées très naturellement au fil du récit, les trouvailles de world-building allient classiques de la SF et sujets d’actualité, de l’influence démesurée des grandes entreprises, à l’intelligence artificielle, en passant par les mouvements sociaux. Comme à son habitude, la science-fiction sert avant tout à parler de notre époque, et Mars Express exploite ces thématiques avec une grande inventivité.

©Everybody on deck / Studio JSBC

La France, terre d’animation

Réussi à tous les points de vue, Mars Express est un nouvel exemple, s’il en fallait encore, de ce que la France sait faire en matière d’animation. Et pourtant, malgré une histoire cinématographique qui accumule les grands films animés d’auteurs – du Roi et l’Oiseau, de Paul Grimault, à Kirikou et la Sorcière, de Michel Ocelot, en passant par Persepolis, de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud -, l’animation française reste une niche, souvent reléguée au rang de cinéma bis face aux films en prise de vue réelle.

Encore aujourd’hui, celle qui s’adresse clairement aux adultes est une exception, une curiosité qui refait surface de temps en temps (ces dernières années, on pourrait citer les formidables Josep, Le Sommet des Dieux ou J’ai perdu mon corps). Mais sans jamais s’installer durablement, tant il est difficile de trouver les fonds pour mener à bien ce genre de projets : encore aujourd’hui, les financeurs ont du mal à croire qu’il existe un public pour, et les grands noms du cinéma sont rares à y participer.

Pourtant, on a noté avec plaisir la présence de Léa Drucker et Mathieu Amalric au casting de Mars Express, et un vrai engouement autour du film depuis sa sortie. Les choses seraient-elles alors en train de changer ? Le long-métrage de Jérémie Perrin pourrait-il être un déclic, qui aide à enfin démocratiser l’animation pour adultes chez nous, et qui convainc les producteurs de mieux soutenir les talents français ? Rien de moins sûr : avec un peu plus de 150 000 entrées en 1 mois, il réalise un joli score, mais reste dans une niche. En attendant, on peut continuer à espérer, et on peut soutenir ce genre de films quand ils sortent en salle. Surtout quand ils sont aussi excellents que Mars Express !

©Everybody on deck / Studio JSBC

Toutes les images sont ©Everybody on deck / Studio JSBC

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