Haïda tome 2 - Frères Ours, la critique

Séverine Gauthier allie son talent de conteuse à ses connaissance des cultures amérindiennes dans sa série Haïda. Après L'Immortelle Baleine, un premier volume plaisant (ce sont à chaque fois des histoires complètes), la scénariste et le dessinateur Yann Dégruel reviennent avec un nouveau récit encore plus réussi : Frères Ours. Une bande dessinée qui ravira petits et grands lecteurs.

Voir les ours.

Grand père Ts'ang raconte aux enfants du village les légendes de leur peuple. Il leur parle de Kindawuss, qui tomba amoureuse d'un ours, et donna naissance à deux oursons avant de rentrer auprès des siens. Une histoire tragique qui inspire à Tāan et Nizhoni une petite escapade... Les deux enfants veulent voir les ours de leurs propres yeux, sans réaliser un instant le danger qui les attend...

Quand la magie rattrape la vraie vie.

Dans Frères Ours, la frontière entre réalité et fiction devient trouble. Il y a les histoires que raconte Grand père Ts'ang, et les aventures qui arrivent aux enfants qui l'écoutent. L'un et l'autre s'entremêlent, apportant magie au quotidien, et vie à une vieille légende. À travers le regard des deux enfants, les émotions des uns et des autres sont exacerbées. Tāan et Nozhoni désobéissent à leurs parents, et réalisent rapidement leur erreur. Pour autant, cette mésaventure va beaucoup leur apporter. Avec finesse et subtilité, Séverine Gauthier montre que la curiosité peut être un défaut, mais surtout une qualité. Et que connaitre son Histoire, comme connaitre des histoires, est une richesse incroyable.

Publié chez Delcourt Jeunesse, le texte est adapté à un jeune lectorat, mais la langue et belle et plaira aussi aux plus grands. L'histoire est joliment simple, assez courte, mais les auteurs apportent une belle énergie à l'univers des contes, en y faisant souffler un vent d'aventure. Les légendes, dans la manière dont elles sont narrées, ont souvent cette patine qui les fait appartenir à un passé lointain et flou. Ici il n'en est rien, passé et présent sont profondément liés.

Yann Dégruel semble se sentir de plus en plus à l'aise dans l'univers d'Haïda. Et en trouvant ses marques, il nous entraine dans les forêts amérindiennes, à la rencontre des hommes et des animaux qui les peuplent. Le trait est très tendre, un peu rétro et en même temps vivant, un rien cartoon. La mise en scène est très réussie. On pourra peut-être regretter un petit manque d'harmonie dans la colorisation de certaines planches (appuyé par des entourages de cases très épais, qui rendent également la lecture un peu moins fluide), mais l'ensemble est très doux et chaleureux. Frères Ours nous propose un joli voyage, particulièrement sensible.

Ce deuxième tome de Haïda est un vrai plaisir. Un joli moment de lecture qui nous plonge dans les légendes amérindiennes avec douceur et émotions.