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par Elsa - le 2/06/2016
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par Elsa - le 2/06/2016

La Maison, la critique

Après Ride (rebaptisé La tête en l'air), Les rues des sables et la Nueve, Paco Roca revient chez Delcourt avec La Maison. Un ouvrage format à l'italienne qui parle de la famille avec beaucoup de sensibilité.

Une histoire de deuil.

Vicente, José et Carla sont frères et soeur. Leur père est mort et ils doivent s'occuper de la maison.

La maison, c'est leur résidence secondaire, qu'ils ont construit tous les cinq, les trois enfants et leurs parents, et qu'Antonio continua d'aménager seul une fois sa femme décédée et ses enfants trop grands pour avoir envie de venir. Vicente, José et Carla ont chacun leur vie, alors il va sans doute falloir vendre. Pour l'instant ils doivent tout remettre en état et dans le même temps se confronter à leurs souvenirs. Et finalement la décision de se séparer de ce lieu devient moins évidente. C'est dans le presque huis clos de cette petite habitation qui a grandi en même temps qu'eux que la famille se retrouve et que l'histoire nous est racontés. Un moment de vie un peu suspendu, où se mélange passé, présent et avenir.

Le petit théatre de la vie.

Paco Roca est un auteur d'une grande sensibilité. Il raconte toujours avec justesse les gens, leurs relations, entre tristesse et petits bonheurs. Dans cette bande dessinée à la fois légère et profonde, il met en scène comme dans un théatre cette fratrie, leurs conjoints et leurs enfants. C'est un récit intime, que l'on sent très personnel mais il y a quelque chose d'universel dans ces souvenirs familiaux qui se bousculent et composent le puzzle de la vie d'Antonio. Un homme que l'on apprend à connaitre à travers les souvenirs d'un voisin qui était son ami et de ses enfants. Des enfants aujourd'hui suffisamment grands pour peut-être mieux comprendre leur père. Devenir adulte c'est aussi voir nos parents sous un autre angle. 

C'est un récit fait de petits riens, de petits instants de vie comme des saynètes. Et en même temps le ton est d'une telle justesse qu'il remue le lecteur et l'amène lui-aussi, entre les lignes, à l'heure des bilans. Il est question de faire le deuil tout en savourant peut-être plus intensément la vie qui continue. C'est parfois drôle, souvent très touchant et un peu triste aussi parce que la vie est ainsi. 

Le dessin est en simplicité. Léger et et sensible. Chaque saynète, qu'elle dure quelques cases ou plusieurs pages, se passe dans un endroit de la maison, de la salle à manger au jardin qui était le plus grand plaisir d'Antonio et qui aujourd'hui dépérit. La colorisation est réaliste, nimbée d'un soleil méditerranéen qui nous propulse instantanément dans la campagne espagnole. Le choix d'une mise en scène, scénaristique mais surtout visuelle, très théatrale nous laisse cependant un peu en dehors de l'histoire et on pourra peut-être regretter un peu cette petite distance.

La maison est une petite bande dessinée toute simple mais au ton très juste. Une histoire de deuil comme une pièce de théâtre, avec pour décor la maison familiale, si chargée en souvenirs.

 

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