La rencontre de deux lycéens que tout oppose est un classique de la rom-com (comédie romantique) mais il est toujours aussi efficace. La dynamique entre les deux personnages marche très rapidement, portée par la jovialité de l’héroïne.
Wakana Gojo rêve de devenir artisan de poupées hina dont la confection le passionne depuis toujours. Mais il cache sa vocation aux autres de peur d’être moqué d’avoir un hobby jugé si peu viril. Tout va néanmoins changer quand il croisera la route de Marine Kitagawa, véritable star du lycée, qui le surprend en train de coudre la tenue d’une de ses poupées. À sa grande surprise, elle sera admirative devant la dextérité du jeune homme en couture et lui demandera de l’aide pour réaliser ses tenues de cosplay. Le voilà devenu, bon gré mal gré, le “couturier attitré” de sa camarade pour lui permettre d’assouvir ses rêves d’otaku. Le stoïcisme de Gojo contraste d’autant plus face à Marine, particulièrement quand elle lui parle de ses hobbys d’otaku qui ont de quoi décontenancer le jeune homme. Mais les deux adolescents se rejoignent parfaitement quand il s’agit de porter un amour profond envers leurs passions respectives, aussi différentes soient-elles.
Le titre pose une grande bienveillance à ses personnages ainsi qu’à leurs centres d’intérêts en rejetant en blocs tout tout jugement de valeurs. Un discours amené par Marine qui assume pleinement ses loisirs otaku, alors même qu’elle est particulièrement fan d’une version d’eroge, un jeu vidéo érotique. Mais c’est son amour, aussi intense que sincère, pour ce jeu qui sera valorisé avec l’idée toute simple de respecter les goûts de chacun. Une philosophie visible également dans Chacun ses Goûts de Machita, aussi disponible chez Kana. Une belle manière pour apprendre à s’apprécier, surtout à l’adolescence.
Le cosplay, ou le “cos” comme dirait Marine, permet à l’œuvre de parler d’identité, cette pratique consistant à ressembler au maximum à un personnage que l’on apprécie. Si pour notre héroïne c’est la manière ultime d’exprimer son amour pour un personnage, pour d’autres ce sera une manière de devenir qui ils veulent. Le tout en s’émancipant des limites imposées par son propre physique ou du regard des autres. À souligner également la documentation très poussée sur cette pratique et sous tous ses aspects, de la confection des différentes tenues à la photographie.
Le trait fin de Shinichi Fukuda apporte élégance et détails aux nombreux cosplays portés par Marine sur les sept volumes déjà parus. La texture des tissus mais aussi le maquillage et les coiffures, jusqu’aux yeux, sont particulièrement soignés par l’auteur (qui est une autrice, mais sous pseudonyme masculin). Ce qui apporte aussi beaucoup de classe aux illustrations plutôt grivoises et à certains passages qui font tout honneur à l’emploi du terme “Sexy” dans le titre. Beau, mais aussi pétillant de vie avec ses expressions faciales détonantes, du sourire éclatant de Marine à la panique gênée de Gojou. Cela apporte beaucoup à l’humour du manga, tout comme son découpage qui joue avec malice sur le rythme et l’impact de ses cases.
Derrière sa frivolité, Sexy Cosplay Doll cache une grande générosité en bonne humeur. Beaucoup devraient se retrouver dans ses protagonistes, particulièrement avec Marine qui assume fièrement ses passions d’otaku alors que c’est une culture encore mésestimée en France. Son érotisme pourra freiner certains au départ mais il se fait rapidement plus discret. Surtout, son duo principal propose une comédie romantique rafraîchissante aux passions aussi sincères que communicatives qui fera chavirer bien des cœurs.
Sexy Cosplay Doll de Shinichi Fukuda, Kana
Traduction d’Aline Kukor
Illustrations : © Shinichi Fukuda / SQUARE ENIX
